Un rassemblement contre le retour au Kremlin de Vladimir Poutine, à la veille de son investiture, a été marqué par des violences dimanche à Moscou, la police frappant les manifestants avec des matraques et procédant à de nombreuses interpellations, dont celles de trois leaders de l'opposition.

Plus de 250 personnes, dont le leader du Front de Gauche, Sergueï Oudaltsov, le blogueur anti-corruption Alexeï Navalny et l'ancien vice-Premier ministre et opposant Boris Nemtsov, ont été interpellées, a précisé la police dans un communiqué.

M. Oudaltsov a été interpellé par la police alors qu'il s'adressait sur une scène installée sur la place Bolotnaïa située sur une petite île délimitée par la Moskova, à une foule de manifestants.

Il scandait des phrases telles que «Nous ne partirons pas d'ici», ce à quoi la foule répondait en choeur «Nous sommes le pouvoir».

Juste auparavant, de violents heurts ont éclaté en face de cette place entre des manifestants et la police, selon une journaliste de l'AFP.

Les forces de l'ordre, déployées en masse sur un pont permettant l'accès à la place, tentaient d'empêcher le passage de manifestants. Ces derniers ont alors voulu le forcer et la police n'a pas hésité à les rouer de coups de matraques.

La police a, elle, déclaré dans un communiqué que des manifestants avaient jeté des pierres et des bouteilles d'eau sur les représentants des forces de l'ordre.

Quatre policiers ont été blessés, a précisé cette même source.

L'hétéroclite coalition d'opposition avait appelé ses partisans à se réunir dimanche pour une «marche des millions» contre le retour au Kremlin de Vladimir Poutine, avec pour mot d'ordre «arrête de mentir et de voler».

La marche, qui a débuté vers 11h GMT (7h, heure de Montréal) aux abords de la place Kaloujskaïa, a réuni des dizaines de milliers de personnes selon l'opposition, mais 8000 selon la police.

Durant leur marche vers la Place Bolotnaïa, des opposants ont brièvement tenté d'organiser un sit-in devant un cinéma en face de la place pour réclamer la tenue de nouvelles élections. MM. Oudaltsov et Navalny faisaient partie de ces opposants.

Plusieurs organisateurs de la manifestation ont par ailleurs déclaré vouloir camper toute la nuit place du Manège, à deux pas du Kremlin, bien qu'ils n'aient pas d'autorisation et que les rassemblements n'ayant pas l'aval du pouvoir soient généralement dispersés sans ménagement.

La police moscovite a indiqué avoir saisi des tentes apportées par des manifestants.

Elle avait annoncé samedi qu'elle allait déployer 14 000 hommes et fermer au public la place du Manège officiellement en raison des préparatifs pour le défilé militaire du 9 mai célébrant en Russie la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Par ailleurs, dimanche le Front populaire --une organisation pro-pouvoir composée de personnalités d'associations, de syndicats et de collectifs d'entreprises-- a également réuni près de 30.000 de ses partisans sur le mont Poklonnaïa, selon la police, qui a ajouté que tout se déroulait «dans le calme».

Officiellement, cette manifestation a pour but de célébrer le premier anniversaire du mouvement créé à l'initiative de Vladimir Poutine.

M. Poutine, après quatre ans comme Premier ministre, fera lundi à la mi-journée son retour à la présidence qu'il avait laissée en 2008 à Dmitri Medvedev faute de pouvoir assurer, en vertu de la Constitution, un troisième mandat consécutif.

La cérémonie prévue au Kremlin sera notamment marquée par 30 tirs de canon.

L'opposition a appelé ses partisans à suivre en silence le cortège de M. Poutine, en s'équipant d'un ruban blanc, symbole de la contestation.

Elu pour un mandat de six ans, M. Poutine devra tenir compte du mécontentement d'une frange de la population après avoir été confronté à une contestation sans précédent depuis son arrivée au sommet du pouvoir en 2000 en raison notamment d'accusations de fraudes aux législatives de décembre et à la présidentielle en mars.