Le roi Juan Carlos d'Espagne a présenté ses excuses mercredi pour son voyage au Botswana, au cours duquel il s'est blessé pendant une expédition de chasse à l'éléphant et qui a déclenché une polémique dans le pays.

«Je regrette beaucoup. Je me suis trompé et cela ne se reproduira pas», a déclaré le roi à la télévision, le visage très grave, à sa sortie de l'hôpital.

Juan Carlos, âgé de 74 ans, avait été rapatrié d'urgence et hospitalisé après s'être blessé vendredi dernier au Botswana où il s'était rendu en voyage privé, pour une partie de chasse.

Ce coûteux voyage a déclenché une polémique dans un pays miné par la crise économique et le chômage.

Après un scandale de corruption qui touche le gendre du roi, Inaki Urdangarin, la partie de chasse au Botswana a écorné l'image d'un souverain respecté pour avoir conduit l'Espagne vers la démocratie après la dictature franquiste, et plus connu pour sa simplicité.

Juan Carlos, blessé à la hanche, a été opéré samedi à l'hôpital USP San Jose à Madrid, où les médecins lui ont posé une prothèse.

Les médecins ont donné mercredi le feu vert à sa sortie d'hôpital, après avoir annoncé que le roi «avait retrouvé une pleine autonomie pour les mouvements quotidiens».

«Je vais beaucoup mieux, je souhaite reprendre le cours de mes obligations», a dit le roi, appuyé sur des béquilles, dans une brève déclaration à la télévision, avant de quitter l'hôpital en voiture, baissant brièvement la vitre pour saluer la foule qui l'attendait.

Son retour précipité du Botswana a été accompagné de violentes critiques ces derniers jours en Espagne.

Une photo de Juan Carlos prise en 2006, posant fusil à la main devant un éléphant mort au Botswana, et opportunément «exhumée» pour finir en Une de plusieurs quotidiens espagnols dimanche, a fait éclater le scandale.

Cette photographie avait été prise au cours d'un précédent voyage fait avec la société Rann Safaris, qui organise des safaris coûtant jusqu'à 45 000 euros (58 000 $), selon le gouvernement du Botswana.

Depuis samedi, les nouvelles positives sur la santé du roi, distillées par la Maison royale, ne sont pas parvenues à masquer le malaise que cet accident a réveillé en Espagne.

Après des ennuis de santé à répétition depuis 2010, l'accident du Botswana a aussi souligné les problèmes de santé d'un roi vieillissant, plaçant les Espagnols face à l'horizon de plus en plus proche du passage de pouvoir au prince héritier, Felipe.