L'ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, discret ces derniers mois, est revenu malgré lui sous les projecteurs lundi avec la révélation de nouveaux détails scabreux dans le Rubygate et le retour d'un témoin compromettant dans un autre scandale sexuel.

Le mot bunga-bunga, surnom donné aux parties fines organisées dans les résidences du Cavaliere et disparu des médias depuis l'arrivée au pouvoir de l'austère économiste Mario Monti en novembre dernier, a refait surface.

Une jeune mannequin marocaine, appelée à témoigner à Milan au procès de Silvio Berlusconi pour prostitution de mineure dans le cadre du Rubygate, a livré quelques détails croustillants.

Imane Fadil a expliqué que le soir de sa première visite à Arcore, dans les environs de Milan, le Cavaliere lui avait tendu une enveloppe contenant 2000 euros (2622$), ajoutant :«ne vous offensez pas».

La jeune femme a aussi décrit «une performance» de deux femmes déguisées en religieuses, dont Nicole Minetti - ex-hygiéniste dentaire de Silvio Berlusconi devenue conseillère régionale en Lombardie -, avec «ballet sexy» et strip-tease.

Au cours d'une autre soirée, elle a vu une jeune Brésilienne, affublée d'un masque de Ronaldinho et portant un maillot de l'AC-Milan, club qui appartient au magnat des médias.

L'ex-président du Conseil est accusé d'avoir payé à une dizaine de reprises pour les prestations sexuelles de la jeune Marocaine Karima El Mahroug, alias «Ruby», entre février et mai 2010, alors qu'elle était mineure, un délit passible de trois ans de prison en Italie. Tous deux nient avoir eu entre eux des rapports sexuels.

Selon le Corriere della Sera, Silvio Berlusconi a payé 127 000 euros (167 000$) à trois témoins - Nicole Minetti et deux autres femmes -, après le début de ce procès. Tentative de corruption de témoin? Pas du tout, affirme son avocat qui a évoqué sa «générosité habituelle».

«Elle m'a demandé de l'aider parce qu'elle était en difficulté et je l'ai fait avec plaisir», a renchéri M. Berlusconi dans une interview au Giornale, quotidien qui appartient à sa famille.

Selon les médias italiens, la conseillère régionale a utilisé cet argent pour payer ses avocats dans un autre procès où elle est accusée d'avoir organisé un réseau de prostitution pour M. Berlusconi.

Mais un autre scandale sexuel pourrait mettre sérieusement dans l'embarras le Cavaliere. Lundi, Valter Lavitola, ex-directeur du quotidien L'Avanti accusé d'être mêlé au scandale «Escort», en cavale depuis octobre en Amérique du Sud, est rentré lundi en Italie, où il a été incarcéré à Naples.

M. Lavitola et un entrepreneur de Bari, Giampaolo Tarantini, sont soupçonnés d'avoir fourni à l'ex-chef du gouvernement italien des escortes pour des nuits torrides entre juillet 2008 et avril 2009. Ils sont en outre soupçonnés d'avoir extorqué plus de 800 000 euros (1 049 000$) à M. Berlusconi pour mentir à la justice sur les agissements de ce dernier.

À l'origine, MM. Lavitola et Tarantini espéraient en échange de la mise à disposition de prostituées décrocher des contrats avec des colosses publics comme Finmeccanica. Ces contrats étaient tombés à l'eau par la faute de l'une des «escortes», Patrizia D'Addario, qui a tout raconté à la justice.

Huit personnes sont poursuivies dans le cadre de ce scandale, distinct du Rubygate, pour incitation et exploitation de la prostitution au bénéfice de M. Berlusconi.

Enfin, depuis lundi, un autre chef d'accusation pèse sur Valter Lavitola. Soupçonné d'avoir remis au président du Panama et des membres de son gouvernement des pots-de-vin versés par des entreprises italiennes pour la réalisation de prisons dans ce pays, il est poursuivi pour «corruption internationale».