Le procès de trois Suédois et un Tunisien accusés d'avoir voulu massacrer les employés du quotidien danois Jyllands-Posten qui avait publié des caricatures de Mahomet s'est ouvert vendredi près de Copenhague.

Un pistolet-mitrailleur avec silencieux, un pistolet et 108 balles, ainsi que du ruban adhésif pouvant servir à ligoter des otages avaient été saisis par la police auprès de ces quatre hommes résidant en Suède et qui plaident non-coupables.

Ils avaient été arrêtés le 29 décembre 2010 alors qu'ils projetaient de «tuer un grand nombre de personnes» dans la rédaction du journal de Copenhague, selon le parquet danois qui les accuse de «tentative de terrorisme».

Le Jyllands-Posten avait publié le 30 septembre 2005 une dizaine de caricatures du prophète Mahomet, déclenchant une crise diplomatique et de violentes protestations dans le monde musulman ainsi que des menaces de mort contre les dessinateurs. L'un d'eux, le Danois Kurt Westergaard, avait représenté le prophète coiffé d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée.

Les quatre hommes jugés jusqu'en juin au tribunal de Glostrup, à l'ouest de Copenhague, risquent «une peine historiquement sévère» qui pourrait approcher les 14 ans de réclusion, selon la chaîne d'information danoise DR Update.

Trois des détenus avaient été arrêtés dans un appartement en banlieue de Copenhague où ils étaient arrivés dans une voiture de location: le Tunisien Mounir Ben Mohamed Dharhri, le Suédois d'origine libanaise Munir Awad et le Suédois d'origine marocaine Omar Abdalla Aboelazm.

Le quatrième, Sabhi Zalouti, un Suédois d'origine tunisienne, avait été arrêté dans la banlieue de Stockholm puis extradé par la Suède.

La police danoise, en liaison avec le renseignement suédois, avait placé les membres du groupe sur écoute. Elle avait décidé de les arrêter après les avoir entendus dire qu'ils «allaient voir» le bâtiment du Jyllands-Posten.

L'accusation a relevé que le prince héritier du Danemark Frederik avait prévu d'assister à une remise de prix au siège du journal le jour de l'arrestation, mais que les suspects l'ignoraient probablement.

«Nous n'avons pas de raison de croire qu'ils savaient que le prince héritier allait se trouver dans l'immeuble ce jour-là. C'est pourquoi ce n'est pas pris en compte dans l'acte d'accusation comme une circonstance aggravante», a expliqué l'avocat général Gyrithe Ulrich citée par l'agence Ritzau.

En présentant l'affaire à la Cour, l'accusation a soutenu, sans donner immédiatement de détails, qu'elle avait aussi un lien avec une région du Pakistan, le Waziristan situé dans la zone tribale frontalière de l'Afghanistan, rapporte le site internet du journal Jyllands-Posten.

Le journal, qui a fait l'objet de plusieurs tentatives d'attentat depuis, reste une cible privilégiée pour les islamistes, a estimé le service de renseignement danois (PET) dans un rapport publié fin janvier.