Le candidat socialiste à la présidentielle française, François Hollande, conforté par sa progression dans les sondages, a renvoyé jeudi à son bilan le président Nicolas Sarkozy qui agite le spectre d'une «crise de confiance» dans la zone euro si la gauche revient au pouvoir.

Après plusieurs semaines de tassement dans les sondages, le candidat socialiste, régulièrement donné derrière le président sortant au soir du 1er tour de scrutin le 22 avril, est reparti de l'avant.

Trois instituts de sondage sur quatre le donnent vainqueur devant Nicolas Sarkozy au premier tour avec 27 % à 30 % des intentions de vote. Mais surtout l'ensemble des études d'opinion le montrent large vainqueur au soir du 6 mai avec 55 % à 57 % des intentions de vote, soit 10 % à 12 % d'avance sur le chef de l'État.

Ces bons sondages pour le candidat socialiste interviennent alors que le camp du président sortant prédit un cataclysme pour l'économie française en cas de victoire du socialiste le 6 mai.

«Turbulences redoutables», attaques «spéculatives» contre l'euro: les ténors de la droite ont procédé à un tir de barrage contre le socialiste.

«Si demain il y a une crise de confiance (...) qui paiera ? Ce sera le peuple de France», a insisté M. Sarkozy, accusant son adversaire de «nier la réalité» et lui conseillant de «rembourser» les dettes pour pouvoir se permettre d'ignorer les marchés.

«Il dit qu'il n'y a pas de problèmes de dépenses publiques dans notre pays. Il dit (...) on va embaucher 61.000 fonctionnaires de plus. Moi je dis, si les Français me font confiance, on continuera à réduire nos dépenses et le nombre de fonctionnaires», a plaidé le chef de l'État.

François Hollande avait un peu plus tôt accusé le président candidat de ne pas avoir su résister au «mur de l'argent», une terminologie propre à séduire les électeurs du candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon dont M. Hollande aura besoin pour l'emporter au second tour.

«Le mur d'argent, il a frappé le candidat sortant. Ce mur qu'il n'a pas su abattre puisqu'il a cédé à chaque étape. Il a fait une politique d'austérité sans avoir les bénéfices que les marchés lui promettaient», a-t-il déclaré.

«Pour l'instant, je ne sais pas si les marchés s'affolent, mais la droite, elle, oui, elle s'affole», a-t-il ironisé.

Le candidat socialiste a rappelé que le quinquennat de M. Sarkozy avait été marqué par la hausse de la dette publique, le creusement du déficit commercial et la perte de la note maximale triple A chez une des agences de notation.

«Ce que je veux, c'est que nous montrions, la France mais aussi l'Europe, une capacité commune à dominer la finance», a-t-il souligné, s'étonnant que la droite, à coup de déclarations alarmistes sur son programme, puisse encourager la spéculation.

Il avait rappelé mercredi soir, lors d'une émission télévisée, sa volonté de renégocier le traité budgétaire européen «pour le compléter, l'améliorer sur le dispositif de croissance».

M. Hollande a ainsi suggéré que l'Europe puisse emprunter pour «engager des travaux immédiats sur les infrastructures, sur le développement des énergies nouvelles, sur un certain nombre de projets industriels».

Interrogée lors de la même émission, la candidate écologiste Eva Joly a soulevé de son côté le dossier des «affaires» menaçant selon elle d'impliquer Nicolas Sarkozy, un sujet peu présent dans la campagne.

L'ancienne juge anticorruption a affirmé qu'il existait des «présomptions concordantes et précises» contre Nicolas Sarkozy dans deux dossiers judiciaires liés à la milliardaire Liliane Bettencourt et les dessous financiers d'un contrat d'armement avec le Pakistan à la fin des années 1990.

C'est «une anomalie de pouvoir solliciter un deuxième mandat alors que vous êtes cerné par des affaires judiciaires», a-t-elle affirmé.

Interrogé jeudi soir, Nicolas Sarkozy a opposé «le mépris le plus cinglant» à ces accusations.

«Sur les ragots, sur la médisance, sur la méchanceté, sur la volonté de détruire et de démolir, permettez-moi de vous opposer le mépris le plus cinglant», a-t-il lancé.

«Je n'ai pas à répondre à Mme Joly! Mme Joly, c'est qui? C'est l'alliée de François Hollande, c'est bien ça?» a-t-il lancé.