Total attendait dimanche l'approbation de l'autorité de sûreté britannique pour intervenir sur sa plateforme d'Elgin en mer du Nord, tout en peaufinant son plan d'intervention pour colmater la fuite de gaz qui perdure depuis une semaine.

L'autorité de sûreté britannique, Health and Safety Executive (HSE), «a reçu le rapport de Total sur les risques» que présente la situation de sa plateforme, «et le processus d'examen de ces documents est en cours», a indiqué dimanche à l'AFP un porte-parole de l'autorité britannique.

Le groupe pétrolier prévoit, dans le rapport présenté au régulateur, qu'un hélicoptère se pose sur la plateforme pour mener des observations sur la fuite de gaz, a précisé le HSE, ajoutant qu'il devrait rencontrer lundi les équipes de Total pour «des discussions plus approfondies».

L'avis du HSE est non contraignant, toutefois le patron de Total, Christophe de Margerie, avait expliqué samedi attendre «l'autorisation (des autorités britanniques) pour envoyer des pompiers spécialisés» sur la plateforme. Total a confirmé dimanche que le PDG de Total faisait alors allusion au HSE.

«Il n'est pas question que nous mettions notre personnel en danger», a insisté Andrew Hogg, directeur de communication de la branche exploration et production du groupe, précisant attendre l'avis du HSE «dans les deux jours».

La plateforme du champ d'Elgin, située à 240 km des côtes écossaises et où travaillaient plus de 200 personnes, est totalement évacuée depuis lundi, après la découverte d'une importante fuite de gaz. Total a reconnu qu'il s'agissait de son «plus gros incident en mer du Nord depuis au moins dix ans».

Quatre navires antiincendie se maintiennent actuellement en bordure de la zone d'exclusion décrétée autour de la plateforme, et une équipe d'experts et d'ingénieurs, réunie au sein d'une cellule de crise à Aberdeen (Écosse), se tient prête à se rendre sur les lieux.

«L'équipe que nous enverrons comprendra des spécialistes du contrôle des puits et du personnel familier de la structure de la plateforme», a expliqué Andrew Hogg.

Un hélicoptère fait aussi régulièrement des vols de reconnaissance avec des caméras infrarouges pour surveiller la situation, tandis qu'un avion de transport militaire Hercules est en attente en Angleterre en cas de recours à des dispersants, afin de dissiper plus rapidement le gaz.

Alors que l'extinction, annoncée samedi, de la torchère sur le site a réduit le risque d'explosion, Total travaille toujours sur deux scénarios pour colmater la fuite, a confirmé Andrew Hogg: l'injection directe de boues dans le puits concerné et le forage de puits de dérivation pour détourner le gaz.

La première option, la plus rapide à mettre en oeuvre, requiert toutefois, pour vérifier sa faisabilité, l'intervention de techniciens sur la plateforme afin de s'assurer que la haute pression subsistant dans le puits permet d'injecter les boues.

La deuxième option est le forage de deux puits de dérivation, afin de réduire la pression dans le puits d'où provient la fuite de gaz - une opération difficile qui nécessiterait de forer des kilomètres de roches puisque l'origine de la fuite se trouve à environ 4000 mètres en dessous du plancher marin.

Ce scénario, qui peut prendre jusqu'à six mois, nécessite le déplacement de deux plateformes de forage. «Ces deux plateformes terminent leur travail là où elles sont, et la première devrait arriver» cette semaine sur zone, a précisé Andrew Hogg.

Alors que le site laisse toujours échapper environ 200 000 m3 de gaz par jour, Total estimait dimanche que «l'impact sur l'environnement était relativement négligeable». Un navire de Greenpeace, avec à son bord une dizaine de spécialistes, est attendu lundi sur les lieux pour mesurer le degré de pollution.