La parution en Russie de cahiers d'écoliers à l'effigie de Joseph Staline, dans le cadre d'une série sur les «grands noms» de l'histoire russe, a suscité samedi de vives réactions de la part des défenseurs des droits de l'Homme.

«C'est une profanation de notre histoire, des souffrances endurées par notre peuple sous la direction de cet individu», a réagi Svetlana Gannouchkina, une responsable de l'organisation de défense des droits de l'Homme Mémorial, à l'antenne de la radio Echo de Moscou.

À l'antenne de la même radio, un responsable de l'éditeur Alt, Dmitri Krasnikov, a défendu la décision de cette société de publier ces cahiers, vendus en librairie au même titre que ceux sur lesquels figure le portrait de l'impératrice Catherine II ou du compositeur Sergueï Rachmaninov.

«On ne peut pas ignorer le rôle de  Staline. On peut discuter de cette personnalité, la critiquer, mais elle a existé, c'est l'histoire de la Russie que les enfants apprennent à l'école», a-t-il déclaré.

Mme Gannouchkina a estimé que de telles initiatives témoignaient d'un «refus (de la Russie) d'accepter son Histoire».

Plusieurs personnalités politiques ont également condamné cette initiative de l'éditeur.

La nostalgie d'un pays mené d'une main de fer reste présente en Russie, où le processus de réévaluation de l'histoire entamé à la chute du régime soviétique en 1991 n'a pas été mené à terme, selon les militants russes pour les droits de l'homme.

En mai 2010, le président Dmitri Medvedev avait dénoncé le régime «totalitaire» de l'URSS et les crimes «impardonnables» commis par Staline.

Dans le même temps, plusieurs manuels d'histoire destinés aux universités continuent de donner une appréciation positive de Staline.