Emblème indécollable des rues londoniennes, le fameux bus à impériale s'est refait une beauté: une robe toujours aussi écarlate, mais des dessous... verts. So chic, so english, mais aussi so expensive, my dear...

Y a-t-il un autobus plus célèbre que le Routemaster rouge à impériale? Emblème de Londres au même titre que la cabine téléphonique rouge et l'horloge Big Ben, le vénérable «maître de la route» a été retiré des rues de la capitale en 2005 après 50 ans de services, à la grande déception des Londoniens.

Voilà qu'il renaît de ses cendres grâce à l'excentrique maire de Londres, Boris Johnson. «Toutes les villes de la planète seront rouges de jalousie», a-t-il claironné au dévoilement du prototype du véhicule, en 2010.

Or, la vanité a un prix. Les huit nouveaux autobus à impériale ont coûté 2,4 millions de dollars chacun, ce qui lui a valu des critiques virulentes de l'opposition. Et leur livraison est en retard. Seulement un des mastodontes est en circulation depuis le 27 février; les sept autres se feront attendre jusqu'aux Jeux olympiques.

Les Londoniens s'en balancent. Ils retrouvent la plateforme arrière ouverte du Routemaster qui leur permet de sauter à bord à tout moment. Les experts en design applaudissent de leur côté la conception du véhicule aux lignes obliques. Même les environnementalistes donnent une bonne note à son moteur hybride, 40% moins polluant que celui de la version originale.

Les petits fraudeurs, eux, se frottent les mains: la plateforme arrière du «Boris Bus» facilite la vie aux passagers qui «oublient» de payer. Était-ce un cadeau déguisé aux Londoniens? Le malin Boris Johnson est en campagne électorale pour conserver son siège à la mairie. Le scrutin aura lieu le 3 mai prochain.

Un pied de nez à l'Europe?



Les irréductibles Britanniques rechignent à se dire «européens» et ils n'en manquent pas une pour afficher leur différence. L'euro? Le système métrique? L'espace Schengen (qui autorise la libre circulation de personnes en Europe)? No, thanks. Et il n'y a pas plus «europhobe» que Boris Johnson. La plateforme arrière de son nouveau Routemaster ne respecte pas les règles européennes en matière de sécurité? Peu lui importe. 

L'équipe du maire aurait mis six mois à obtenir la bénédiction des fonctionnaires de Bruxelles. Bravache, il prédit aujourd'hui que le Routemaster made in Britain sera copié à l'étranger. «Ce n'est pas un doigt d'honneur à l'Europe, a-t-il dit en décembre dernier. Seulement une approche sensée aux besoins de Londres.» Mais avec Boris Johnson, le regard raconte toujours une autre histoire.

 

Photo Reuters

Le bon vieux Routemaster lors de sa dernière journée de service en 2005.