Sa funeste entreprise commence le 6 mars par le vol d'un scooter. Et s'achève pour l'heure quand il exécute lundi quatre personnes dans une école juive du sud-ouest de la France. Durant ces 14 jours, le tueur a abattu sept personnes dans un rayon de 50 km.

Alors que les autorités françaises ne cachent pas leur crainte que l'homme frappe de nouveau, les éléments sur son parcours et sa personnalité sont maigres: une arme de calibre 11,43, un scooter de 500 cm3, une caméra sur la poitrine.

Très choquée par le visionnage des vidéos montrant la tuerie de l'école juive de Toulouse, une responsable de la communauté juive décrit un homme «très normal, très déterminé» qui tuait comme on fait «son sport», «comme on tue des animaux».

Peut-être doté d'une formation militaire, «xénophobe et raciste» compte tenu de ses cibles (juifs, maghrébins et noir), éventuellement émule du Norvégien Anders Behring Breivik ou «terroriste islamiste», les enquêteurs français travaillent sur tous les scénarios.

Et s'appliquent à faire parler les quelques éléments connus.

Le premier acte du tueur passe presque inaperçu. Le parquet de Toulouse annonce la mort d'un homme d'une trentaine d'années, tué par arme à feu, dans l'est de Toulouse.

En fait, l'assassin vole un scooter noir dès le 6 mars. Et entre en contact avec Imad Ibn Ziaten, un sous-officier du 1er Régiment du train parachutiste (RTP) de Francazal, via un site d'annonces. Le militaire met en vente sa moto et précise qu'il est militaire.

Le dimanche 11 mars, Imad Ibn Ziaten gare sa moto en début d'après-midi sur une esplanade dans un quartier résidentiel de Toulouse. Alors qu'il porte encore son casque et se tient près de sa moto, il est abattu à bout portant d'une balle de 11,43 dans la tête. L'assassin s'enfuit à scooter.

Quatre jours plus tard, le tueur est à Montauban, à une cinquantaine de km au nord de Toulouse.

Il emprunte en scooter les rues les moins fréquentées pour arriver à proximité de la caserne du 17e Régiment de génie parachutiste. Il est 14 h 10.

Il descend de son engin et se place derrière trois parachutistes qui retirent de l'argent à un guichet automatique. Il vide un chargeur sur les militaires, en engage un second. Selon des témoins, il écarte une personne âgée pour ne pas la blesser. Et retourne l'une des victimes qui rampe pour l'achever de trois balles.

La police retrouve un chargeur, mais le tueur l'a nettoyé: aucune empreinte digitale ou trace d'ADN.

Une dame qui a assisté à la scène croit avoir «aperçu» sous sa visière à moitié relevée un «tatouage ou une cicatrice au niveau de sa joue gauche».

Deux parachutistes d'origine maghrébine, Abel Chennouf, 25 ans, et Mohamed Legouad, 24 ans, sont morts. Le 3e parachutiste, Loïc Liber, un Antillais de 28 ans grièvement blessé à la moelle épinière, lutte toujours pour survivre.

À ce moment de l'affaire, la police sait que la même arme a été utilisée dans les deux fusillades. Des enquêteurs arrivent à Toulouse pour enquêter sur les meurtres.

Lundi, l'assassin circule sur un scooter probablement «modifié» en blanc lorsqu'il arrive devant une école juive de Toulouse. Le tueur se gare calmement et s'approche de l'école Ozar-Hatorah. Il est un peu plus de 8 h.

Il tire sur Jonathan Sandler, un professeur de religion de 30 ans, et ses deux fils, Gabriel, 4 ans, et Arieh, 5 ans.

Il entre ensuite dans la cour de l'établissement et attrape Myriam Monsonego, la fille de 7 ans du directeur de l'école, pour lui tirer directement dans la tête.

Une nouvelle fois, le mystérieux tueur ne laisse rien au hasard. Il possède deux armes, de calibres 11,43 mm et 9 mm. Une première s'enraye, il utilise la seconde pour terminer le carnage.

Dans l'école, l'assassin porte une caméra sur sa poitrine, «permettant d'enregistrer en grand angle des images et ensuite de les visionner sur l'ordinateur». «Dans mon esprit, cela serait de nature à conforter le profil psychologique de l'assassin», a considéré le ministre de l'Intérieur Claude Guéant.

Des spécialistes évoquent des similitudes avec le Norvégien Anders Behring Breivik, qui avait envisagé, dans un manifeste diffusé sur l'internet juste avant de tuer 77 personnes le 22 juillet 2011, de filmer ses attaques.