Les familles des victimes ont commencé jeudi à se recueillir sur les lieux du dramatique accident d'autocar encore inexpliqué qui a fait mardi soir 28 morts, dont 22 enfants belges et néerlandais, tandis que la Suisse s'interrogeait sur la sécurité de ses tunnels.

Un autocar gris a quitté en milieu de journée le tunnel, bloqué à la circulation, à l'entrée du village de Sierre (sud).

«Les visites ont lieu en ce moment même. Ces visites sont organisées toute la journée sur demande des familles», a précisé un porte-parole de la police suisse.

Ces parents avaient quitté un peu plus tôt leur hôtel à Sion, à quelques kilomètres, des fleurs à la main.

Devant le funérarium de cette petite ville de Sion, dans le sud de la Suisse, la matinée était rythmée par les déplacements d'autocars aux vitres teintées, transportant les familles des victimes.

L'accès au bâtiment était fermé par la police, qui laissait cependant passer quelques anonymes déposant des gerbes de fleurs, sous le regard d'une dizaine de journalistes et de cameramen placés en face du funérarium.

Une messe est prévue vers 19h (14h, heure de Montréal) à Sion.

«Les familles sont ici pour identifier les corps et pour aider à l'identification formelle de ceux qui n'ont pas pu être identifiés» visuellement, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police.

Les préparatifs pour rapatrier les corps en Belgique ont commencé.

Le même porte-parole a confirmé que certains allaient être rapatriés vers la Belgique jeudi.

Le corps du chauffeur doit cependant encore subir des analyses, afin de déterminer s'il a souffert d'une maladie qui aurait pu lui faire perdre le contrôle de l'autocar.

Deux avions de transport C-130 «Hercules» de l'armée belge ont été mis à disposition du gouvernement pour le rapatriement des dépouilles des victimes de cet accident, qui a particulièrement ému la Suisse et la Belgique.

Tous les 24 enfants blessés dans l'accident d'autocar survenu mardi soir en Suisse sont désormais identifiés, a indiqué mercredi le ministère belge de la Santé.

Alors que le travail de deuil commence à peine, des questions sur la sécurité du tunnel, et notamment de la niche de sécurité dans laquelle est venu s'encastrer l'autocar, commencent à surgir.

«Faudra-t-il (...) prévoir une vitesse plus basse pour les véhicules lourds ou modifier la conception des niches de sécurité», a ainsi demandé le quotidien Le Temps.

Le journal zurichois revient également sur ces niches de sécurité, construites dans la paroi du tunnel et dont les angles droits représentent un danger mortel en cas de collision.

«C'est seulement en raison de ce mur (en angle droit) qu'une collision frontale a pu se produire», indique le journal, soulignant que ce genre de construction est répandue dans les tunnels suisses.

Le tunnel de Sierre, lieu du drame, construit en 1999, respecte pourtant les normes les plus actuelles en matière de ventilation, d'issues de secours, de signalisation et d'approvisionnement en énergie, a affirmé l'Office fédéral des routes (OFROU).

«En 2010, on a lancé un programme pour augmenter la sécurité pour quelque 220 tunnels en Suisse, pour les mettre aux normes», a expliqué à l'AFP le porte-parole de l'OFROU, Antonello Laveglia.

Le programme de 1,2 milliard de francs suisses (environ 1,3 milliard de dollars), concerne notamment la ventilation, les issues de secours, la signalisation et l'approvisionnement en énergie, a-t-il ajouté.

L'arrêt de secours respecte également les standards, mais «avec ce qui s'est passé il n'est pas exclu que quelque chose va être rediscuté ou changé», a indiqué M. Laveglia.

L'autocar avait quitté Val d'Anniviers, dans le canton du Valais, mardi vers 21 h (16 h, heure de Montréal) pour rentrer en Belgique. Il était près de 21 h 15 lorsqu'il s'est engagé sur l'autoroute A9 en direction de Lausanne, près de Sierre, dans le Valais.

Le véhicule a pénétré dans un tunnel autoroutier dans lequel la vitesse est limitée à 100 km/h et, pour une raison encore inconnue, il a heurté la bordure droite de la chaussée, puis percuté frontalement le mur en béton de l'arrêt de secours.

La vitesse a été mise a priori hors de cause mercredi, mais l'enquête doit encore déterminer les causes exactes de l'accident.