Une peine de 28 ans de prison a été requise mercredi à l'encontre du leader ultranationaliste serbe Vojislav Seselj, jugé pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).    

«L'accusation demande une peine de 28 ans», a déclaré Mathias Marcussen, le représentant du bureau du procureur, lors d'une audience à La Haye où siège le TPIY.

Le président du Parti radical serbe (SRS), 57 ans, est accusé de crimes commis en Bosnie-Herzégovine et en Croatie entre 1991 et 1993 contre des civils non-serbes, principalement des Croates et des musulmans, en vue d'une «purification ethnique» de ces régions.

«Ses crimes méritent une peine qui rende compte de leur gravité, il n'y a pas de circonstances atténuantes», a affirmé M. Marcussen, qui avait entamé lundi son réquisitoire.

«L'accusé est responsable de la souffrance subie par des dizaines de milliers de victimes, chassées de leur foyer, assassinées, placées en détention, torturées, violées», a-t-il poursuivi.

Écroué depuis le 24 février 2003 au quartier pénitentiaire du TPIY à La Haye, Vojislav Seselj, qui se défend seul et continue de diriger son parti depuis sa cellule de La Haye, plaide non coupable. Son procès s'était ouvert en 2007.

Qualifié par l'accusation de «propagandiste en chef de la Grande Serbie», il répond de trois chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et de six chefs d'accusation de crimes de guerre, dont persécutions, déportations, meurtres et tortures.

Vojislav Seselj, qui aura la parole à partir de lundi pour dix heures, est notamment accusé d'avoir recruté des volontaires liés au SRS et de les avoir endoctrinés afin qu'ils commettent des crimes «d'une violence et d'une brutalité particulières».

«Les crimes étaient commis à grande échelle et d'une particulière brutalité», a affirmé M. Marcussen : «des nouveaux nés, des enfants, des femmes enceintes ont été tués, on a gravé des croix sur la peau de musulmans, il y a eu des viols d'hommes comme de femmes».

L'accusé, a-t-il continué, a mené «une campagne de propagande implacable pour justifier la création d'une Grande Serbie» à laquelle il s'était «attelé main dans la main» avec d'autres membres de «l'entreprise criminelle commune», notamment le président yougoslave Slobodan Milosevic et le chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic.

Cette entreprise criminelle commune avait pour but, selon l'accusation, la «purification ethnique» de régions de Bosnie, de Croatie et de Serbie pour établir un État dominé par les Serbes en chassant de force la population musulmane et croate.

Vojislav Seselj «s'est servi du procès comme d'une tribune politique pour poursuivre sa volonté de suprématie ethnique serbe», a regretté le magistrat.

Le fait que l'accusé se soit livré au tribunal ne devrait pas être retenu comme une circonstance atténuante «car il en avait l'obligation», a soutenu M. Marcussen.

«Son comportement durant l'enquête et dans le prétoire ne constitue pas non plus une circonstance atténuante», a-t-il continué, rappelant que l'accusé a intimidé des témoins et été poursuivi à plusieurs reprises pour outrage.

Vojislav Seselj a été hospitalisé à plusieurs reprises depuis le mois de janvier. Selon son parti, il souffre notamment de problèmes cardiaques.