L'ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, a bénéficié samedi de la prescription dans un procès où il était accusé de corruption de témoin grâce à des lois faites sur mesure pour lui, écrit dimanche le principal quotidien Corriere della Sera.

Désormais «Silvio Berlusconi bat le tribunal de Milan par six prescriptions à zéro», écrit dans son éditorial le chroniqueur judiciaire du Corriere.

«En réalité, la prescription prononcée samedi est "née" il y a déjà sept ans c'est-à-dire quand la majorité parlementaire du chef du gouvernement a réduit en 2005 de 15 à 10 ans les délais de prescription», écrit Luigi Ferrarella.

«De cette manière elle élimine d'un seul coup cinq années de l'horizon de l'enquête», poursuit le spécialiste.

Dans ce procès à multiples rebondissements, le Cavaliere était accusé d'avoir «acheté» pour 600 000 dollars de faux témoignages de son ex-avocat britannique David Mills dans deux procédures des années 90.

David Mills avait déjà été reconnu coupable, dans un procès à part, d'avoir reçu cet argent de M. Berlusconi. L'avocat avait été condamné en février 2009 en première instance à quatre ans et demi de prison, peine confirmée en appel, avant que la Cour de Cassation ne prononce là aussi la prescription en février 2010, tout en dénonçant dans ses attendus l'existence d'un «cas de corruption gravissime».

La seconde loi «décisive», selon M. Ferrarella, pour sauver Silvio Berlusconi a été adoptée une nouvelle fois par sa majorité pendant l'été 2008 avec la proclamation d'une immunité pénale temporaire pour les plus hautes charges de l'État, dont le chef du gouvernement.

Cette loi sera déclarée inconstitutionnelle 14 mois plus tard, mais elle produit l'effet escompté: le procès pour corruption de témoin contre Mills et Berlusconi est interrompu pour le chef du gouvernement et se poursuit contre le seul avocat, reconnu coupable en février 2009 par le tribunal.

Lorsque la loi est déclarée inconstitutionnelle en octobre 2009, le procès contre Silvio Berlusconi reprend, mais le tribunal ayant déjà condamné Mills dans cette affaire devient techniquement «incompatible» pour poursuivre le procès contre le chef du gouvernement et l'affaire reprend devant trois nouveaux juges, allongeant ainsi encore les délais.