Le président français Nicolas Sarkozy doit rendre officielle d'ici à jeudi sa candidature à un second mandat pour affronter directement son adversaire socialiste et favori des sondages, François Hollande, sur une ligne politique très marquée à droite.

Le président annoncera-t-il sa candidature lors d'un de ses déplacements en province prévus cette semaine ou bien lors d'une allocution à la télévision privée TF1? Ce sera en tout cas en candidat qu'il se présentera dimanche lors d'une grande réunion prévue à Marseille (sud) par son parti, l'UMP, selon diverses sources politiques.

Le président sortant a ainsi changé de stratégie, accélérant sa campagne après avoir laissé croire qu'il ne se prononcerait qu'à la dernière minute mi-mars pour la présidentielle des 22 avril et 6 mai.

Depuis des semaines, son entourage orchestre un suspense de polichinelle évitant de donner une date tout en distillant le message - comme son ami Brice Hortefeux déclarant encore dimanche que «Nicolas Sarkozy est le candidat du mouvement».

Parallèlement, le chef de l'État égrène méthodiquement son programme via les médias.

Fin janvier, lors d'une émission retransmise sur plus de six chaînes de télévision, il se présente en président «courageux» et «responsable», un homme capable de prendre des mesures économiques impopulaires - y compris d'augmenter la TVA - pour sortir les Français de la crise.

Puis la semaine dernière, il s'attaque cette fois aux questions de société en se positionnant résolument à droite, renouant avec les thèmes qui avaient contribué à sa victoire en 2007.

Opposition au droit de vote des étrangers hors Union européenne, refus du mariage gai, réforme restreignant les droits des chômeurs, appel aux valeurs du travail, de la famille: dans une longue interview au Figaro magazine il a cherché à conforter son électorat le plus à droite et à flirter avec celui de l'extrême droite, selon les commentateurs.

Jusqu'à présent la stratégie ne semble pas payer. Nicolas Sarkozy reste très bas dans les sondages. Selon la dernière enquête de l'institut Opinion Way, il est toujours largement battu au second tour, plus de 10 points derrière François Hollande.

«Rien n'est joué, les sondages, les commentaires, tout cela va s'effacer dans les trois semaines qui précèderont l'élection», affirme le premier ministre François Fillon dans une interview au quotidien Le Monde parue lundi. «Il va, pendant la campagne, trouver les mots et les moyens pour s'adresser» aux Français».

Les socialistes, eux, s'attendent à un combat dur entre leur candidat investi en octobre lors d'une primaire du PS et le chef de l'État qui n'est jamais plus combatif qu'en tant de crise.

«Ça sera violent, ça sera brutal», car le chef de l'État est «prêt à toutes les démagogies», il sera «prêt à tout», a prévenu dimanche le directeur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici. «Il est un mauvais président mais comme candidat il se sent dos au mur et, effectivement, il ne reculera devant rien», a-t-il ajouté.

La gauche accuse le président Sarkozy d'avoir profité des deniers publics pour faire campagne en multipliant ces dernières semaines les déplacements dans le pays, sans être officiellement candidat.

Il «ne respecte pas la loi. Il organise de véritables réunions avec de l'argent public», a dénoncé lundi sur la radio Europe 1 Manuel Valls directeur de la communication de M. Hollande annonçant que les socialistes allaient «saisir la commission nationale des comptes de campagne».