Le nouveau patron de Scotland Yard a déclenché une offensive spectaculaire mercredi contre les gangs qui prolifèrent à Londres et dont le rôle dans les émeutes de l'été dernier avait été mis en exergue par le premier ministre David Cameron.

Plusieurs centaines de policiers ont effectué près de 300 raids coordonnés dans la capitale britannique, ciblant des dizaines de suspects d'agressions, de vols et de trafic de drogue. Quelque 158 personnes ont été arrêtées et une «quantité significative» de stupéfiants a été saisie, selon un premier bilan fourni par Scotland Yard au cours d'une conférence de presse.

Ces opérations ont été réalisées sous la houlette d'une nouvelle unité, la «Trident Gang Crime Command», spécialement créée pour lutter contre les gangs. Dix-neuf arrondissements londoniens, les plus concernés par le problème, vont également disposer de forces locales spécialisées. De sorte qu'au total, «un millier d'hommes» seront mobilisés sur ce dossier.

«C'est un grand pas en avant dans la façon dont nous luttons contre la criminalité des gangs», s'est félicité le commissaire Bernard Hogan-Howe, qui a promis «une guerre totale contre le crime» quand il a pris les rênes de l'une des plus célèbres polices du monde.

«Nous n'avons pas l'intention de nous préoccuper des groupes de jeunes qui traînent, ni de criminaliser toute une génération», a-t-il toutefois assuré.

D'après Scotland Yard, 250 gangs environ, dont 62 particulièrement dangereux, sévissent à Londres. Ils sont impliqués dans le trafic de drogue et d'armes ou spécialisés dans les violences et les vols.

Ils regrouperaient 4800 individus «responsables d'environ 22% des violences graves, 17% des vols, 50% des crimes par armes à feu et de 14% des viols» dans la capitale.

La plupart, selon la police, sont âgés de 18 à 24 ans, parfois moins.

Ces gangs ont été montrés du doigt à plusieurs reprises l'été dernier par les conservateurs, qui les ont accusés d'être largement responsables des pillages et des destructions commis pendant les émeutes, sans précédent depuis 30 ans, dans plusieurs villes.

David Cameron avait alors promis de faire de cette «guerre totale» contre les bandes une «nouvelle priorité nationale».

Mais cette approche résolument coercitive, qui s'est traduite par plus de 3500 arrestations et des condamnations à des peines très lourdes chez les émeutiers, avait été accueillie avec scepticisme par l'opposition et les associations. Celles-ci ont accusé le gouvernement de ne pas vouloir prendre en compte les composantes sociales de l'embrasement estival.

La ministre de l'Intérieur Theresa May avait elle-même admis en septembre que «la majorité des émeutiers» ne semblaient pas appartenir à des gangs.

Dans ce contexte politique, le commissaire Hogan-Howe, qui jouit d'une réputation de «dur à cuire», est apparu comme l'homme de la situation pour cette «nouvelle approche» contre les gangs, après le départ de son prédécesseur. Ce dernier a été contraint à la démission en raison des critiques sur le manque de réactivité de la police, débordée face aux émeutiers.

La démonstration de force de mercredi a toutefois suscité quelques interrogations. «Il n'y a pas de remèdes miracles» aux problèmes des gangs, a souligné un commentateur de la BBC. «C'est une question très complexe qui ne peut être réglée que par des opérations de police».