Marine Le Pen risque-t-elle d'être exclue de l'élection présidentielle avant le premier tour? Ou s'agit-il de la répétition d'un stratagème utilisé plusieurs fois par le passé par sa formation pour attirer l'attention des médias?

La dirigeante du Front national, qui récolte entre 16 et 20% des intentions de vote dans les plus récents sondages, répète depuis quelques semaines qu'elle ne réussit pas à recueillir le nombre de parrainages requis pour officialiser sa candidature.

Chaque politicien souhaitant concourir dans le scrutin présidentiel doit réunir les signatures de soutien d'au moins 500 élus (députés, sénateurs, maires, etc.) d'ici à la mi-mars pour obtenir l'aval du Conseil constitutionnel. La politicienne se dit «inquiète» de n'en avoir recueilli que 350 à ce jour.

Lors d'une réunion dimanche à Toulouse, elle a pressé ses partisans de courtiser activement les «maires des petites communes du pays» pour obtenir les signatures manquantes. Et éviter, du même coup, que «la page de la démocratie ne soit tournée dans [le] pays».

Le Front national maintient que le Parti socialiste et l'UMP, parti de la majorité, exercent des pressions soutenues sur les élus locaux pour les inciter à ne pas appuyer le parti d'extrême droite. Les dirigeants de la formation maintiennent que l'entourage du président Nicolas Sarkozy cherche à tout prix à favoriser ce scénario par calcul politique.

L'hebdomadaire Le Journal du dimanche a publié dimanche les résultats d'un sondage contesté. Il indique que le chef d'État se retrouverait à égalité au premier tour avec le candidat socialiste François Hollande en cas d'exclusion du Front national.

Les deux hommes recevraient 33% des voix alors que les plus récents sondages, comprenant tous les candidats potentiels, placent le politicien de gauche devant son adversaire par plus de cinq points de pourcentage.

Le fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen, a prévenu que les partisans de la formation se vengeraient dans l'urne du président s'ils se voyaient priver de leur candidat de prédilection. «Ce serait la fin de Nicolas Sarkozy», a-t-il déclaré.

«Il faut revenir à l'esprit de la loi, qui n'avait pour but que d'écarter les candidatures farfelues», a ajouté le politicien. Lui aussi avait dit craindre, lors du scrutin de 2007, de ne pouvoir recueillir les signatures requises avant de voir sa candidature confirmée.

Nicolas Sarkozy avait alors appelé des élus locaux à fournir leur signature au parti d'extrême droite de manière à éviter son exclusion du scrutin.

Les mises en garde émanant de la haute direction du Front national reçoivent cette année un accueil glacial des principales formations, opposées à l'idée d'une révision du système de parrainage.

«Ma position est très simple. On a une loi, qu'elle se débrouille, Mme Le Pen, qu'elle se débrouille», a indiqué le ministre François Baroin, qui accuse la politicienne de «bluffer» pour assurer sa «présence médiatique».

«Cette règle [des 500 signatures] a été instaurée en 1976. Jusque-là, la famille Le Pen a toujours été capable de se présenter. Pourquoi changer?», a demandé pour sa part François Hollande.