Le comité d'attribution des prix Nobel de la paix trahirait les dernières volontés d'Alfred Nobel, si l'on en croit un professeur de droit norvégien qui a convaincu les autorités de la région de Stockholm de réclamer des explications.

Ainsi, Barack Obama, Henry Kissinger et Al Gore ne mériteraient pas leurs distinctions, selon Fredrik Heffermehl, cité par la presse suédoise mercredi, qui estime qu'il existe un fossé entre les souhaits du savant et industriel suédois et les actions du comité.

Les travaux de ce professeur norvégien ont fini par conduire le conseil administratif de la région de Stockholm à envoyer lundi une lettre, dont l'AFP a obtenu une copie mercredi, au conseil d'administration de la Fondation Nobel en Suède pour lui demander des éclaircissements.

Cette instance régionale est en effet chargée de s'assurer de la conformité des fondations avec les testaments qui ont conduit à leur création.

Le prix Nobel de la paix est attribué par un comité basé en Norvège et ses membres sont libres et indépendants. Mais la Fondation Nobel est chargée de s'assurer que ses différents comités, dont celui pour la paix, respectent les dispositions du testament laissé par Alfred Nobel.

La distinction est accordée chaque année à «celui qui aura agi le plus ou le mieux pour la fraternisation des peuples, l'abolition ou la réduction des armées permanentes ainsi que pour la formation et la diffusion de congrès de la paix», selon la volonté du savant et industriel suédois mort en 1896.

Fredrik Heffermehl avait déjà à plusieurs reprises manifesté ses doutes concernant le prix Nobel de la paix. Mais l'élément déclencheur de la missive a été la publication récente, dans son dernier livre, du journal de bord d'un ancien président du Comité Nobel, Gunnar Jahns, entre 1942 et 1966.

«Jusqu'à présent, le professeur nous avait soumis le problème. Mais nous ne pensions pas qu'il avait des preuves concrètes de ce qu'il avançait», explique Mikael Wiman, signataire de la lettre du conseil administratif de la région de Stockholm, à l'AFP. «Nous voulons connaître l'opinion du conseil d'administration de la Fondation Nobel sur le sujet. Mais nous n'allons pas intervenir dans l'attribution des prix», ajoute-t-il. Il n'est pas non plus question de contester des prix ayant déjà été attribués.

Du côté de la Fondation Nobel, qui a reçu la lettre mercredi, on se contente d'indiquer qu'une réponse sera apportée d'ici au 15 mars. «Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant, car le conseil qui se réunit le 5 mars ne l'a pas encore étudiée», a indiqué à l'AFP Jonna Petterson, porte-parole de la Fondation Nobel.