Une première plainte en nom collectif a été déposée vendredi aux États-Unis dans l'affaire du naufrage du Concordia.

La plainte a été déposée devant un tribunal fédéral de Chicago par un ancien membre de l'équipage du Concordia contre le croisiériste américain Carnival et sa filiale italienne Costa Crociere, au nom de toutes les victimes du naufrage.

Gary Lobaton, habitant au Pérou, affirme ne pas avoir été prévenu «à temps» le 13 janvier, jour du naufrage, «des conditions dangereuses et meurtrières du bateau de croisière, afin d'éviter un traumatisme et la mort», selon une copie de sa plainte datée de jeudi.

«En dépit des conditions dangereuses à bord du navire de croisière, les plaignants ont été abandonnés par le capitaine du Costa Concordia», peut-on encore lire sur cette plainte qui se veut «en nom collectif».

Par ailleurs, à New York, un avocat américain, Mitchell Proner, a annoncé qu'il se préparait à lancer des poursuites en nom collectif pour demander un minimum de 125 000 euros par passager indemne, «plusieurs fois cela» pour les blessés, et «plus d'un million» voire «plusieurs millions d'euros» pour indemniser les proches des victimes décédées.

L'annonce de la plainte américaine intervient alors qu'une association de passagers a signé un accord en Italie avec la compagnie Costa Crociere prévoyant un dédommagement forfaitaire.

Cet accord «concerne environ 3000 passagers de 60 pays, dont quelque 900 Italiens», selon un communiqué de l'Adoc, une des associations de consommateurs italiens faisant partie du comité des naufragés du Concordia qui a négocié cet accord.

Il prévoit le dédommagement de 11 000 euros par passager, y compris pour les enfants qui n'avaient pas payé de billets, ainsi qu'un remboursement d'environ 3000 euros par personne destiné à couvrir le prix du billet pour la croisière et les éventuels frais de transport ou médicaux.

Ceux qui ont subi des blessures ou ont perdu des proches ne sont pas concernés, selon l'Adoc pour qui cet «accord historique met un terme à une affaire dramatique».

«Erreur manifeste d'appréciation»

Des passagers français du Concordia se sont d'ores et déjà élevés contre cette indemnisation forfaitaire qui «heurte les principes de la réparation intégrale et de l'individualisation des préjudices subis, principes reconnus par les tribunaux», selon la Fédération nationale des victimes d'accidents collectifs (Fenvac).

«Il s'agit d'une erreur manifeste d'appréciation de ramener cet accident à un simple litige commercial dont la solution résulterait dans un accord avec des associations italiennes de consommateurs, d'ailleurs parfaitement inconnues des victimes françaises», assure la Fenvac, dans un courrier à Costa Croisière France, dont copie a été adressée à l'AFP.

L'association, qui affirme représenter 70% des 462 Français naufragés du Concordia, dit également «regretter amèrement avoir appris par la presse (...) et donc contrairement à ce qui avait été convenu, la proposition d'indemnisation faite par Costa».

Depuis la catastrophe, plusieurs associations ont annoncé leur intention de porter plainte contre la compagnie Costa et différents collectifs de victimes se sont constitués.

Le Costa Concordia, transportant 4229 personnes, dont 3200 touristes de 60 nationalités différentes et un millier de membres d'équipage, a fait naufrage le soir du 13 janvier après avoir heurté un rocher tout près de la petite île du Giglio, située dans un archipel toscan protégé. Le bilan provisoire s'établit à 16 morts et 16 disparus.