Le Parti socialiste a tenu hier son premier grand raout en prévision de l'élection présidentielle d'avril dans le but déclaré de permettre aux Français de mieux connaître «l'homme» qui se cache derrière le candidat de la formation.

Devant une salle réunissant près de 10 000 partisans et élus en banlieue parisienne, François Hollande s'est longuement expliqué sur son projet présidentiel en tentant, au passage, de se défaire de l'image de technocrate sans passion qui lui est souvent accolée par les médias.

Prenant la parole sur une grande scène où étaient posés les drapeaux de la France et de l'Union européenne, le candidat a relevé que «tout dans sa vie» l'avait préparé à occuper la présidence.

«Je veux conquérir le pouvoir, mais je ne suis pas un vorace, je veux le mettre au service des Français», a déclaré M. Hollande, après avoir décrit son passé au sein d'une famille conservatrice, son long engagement à gauche et ses réalisations politiques des 30 dernières années.

Sans jamais nommer le président sortant, Nicolas Sarkozy, il a critiqué durant tout son discours le travail du chef d'État et sa manière «clanique» de gérer le pays. Selon lui, le quinquennat avait été source de «dégradation» à tous les niveaux.

«Je vais vous dire mon secret. J'aime les gens alors que d'autres aiment l'argent», a lancé l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste, qui a vu son discours interrompu à plusieurs reprises par les acclamations de la foule.

Nouvelles réglementations

Le candidat a déclaré que son «véritable adversaire» serait non pas le chef de la droite, mais le monde de la finance, arguant que ses acteurs avaient «pris le contrôle de l'économie, de nos sociétés et même de nos vies».

Il a notamment promis d'imposer de nouvelles réglementations pour séparer les activités de crédit et de spéculation des banques, interdire aux entreprises françaises de disposer de filières dans les paradis fiscaux et taxer véritablement les transactions financières.

Le héraut socialiste a aussi promis qu'il interviendrait énergiquement sur le plan européen pour renforcer les liens avec l'Allemagne et stopper la crise de la dette.

Il par ailleurs a décliné plusieurs promesses de campagne visant à favoriser le respect des principes républicains et la relance de l'économie. Il faut en finir, selon lui, avec «la terrible idée» que les générations françaises à venir sont appelées à vivre moins bien que les précédentes.

M. Hollande a terminé son discours sous les applaudissements en relevant que son rêve d'égalité était à portée de la main. Il a paraphrasé au passage le discours célèbre du président des États-Unis John F. Kennedy dans lequel il invitait ses citoyens à se demander ce qu'ils pouvaient faire pour l'État plutôt que le contraire.

Le candidat a finalement été rejoint sur scène par plusieurs centaines de partisans, qui ont entonné La Marseillaise avant de vider les lieux.

En matinée, la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, avait ouvert le bal devant un parterre d'élus et de candidats en les pressant de «se battre jusqu'au bout» pour soutenir la candidature de «François».

La politicienne a durement critiqué la droite à cette occasion. Elle a accusé les partisans de Nicolas Sarkozy de mener une campagne «au ras du caniveau» visant à détourner la population des vrais enjeux.

L'entourage du président a ironisé sur la réunion socialiste en accusant le candidat de gauche d'être «obsédé» par le chef de l'État au point de vouloir recréer un moment comme celui que le politicien avait connu durant sa campagne en janvier 2007. Le futur vainqueur du scrutin avait alors prononcé un discours au ton intimiste qui l'avait propulsé en tête des sondages.

Le camp présidentiel multiplie les annonces depuis quelques semaines en vue d'occuper le centre de l'agenda politico-médiatique sans avoir d'impact véritable sur les intentions de vote. Le plus récent sondage place toujours le candidat socialiste largement gagnant au second tour avec 57% des voix.