Le village du commandant Francesco Schettino, qui fait l'objet d'une enquête pour le naufrage du Costa Concordia, a défendu hier les actes de son désormais célèbre résidant devant une nuée de journalistes venus rendre compte de son retour à la maison.

Le maire de Meta di Sorrento, au sud de Naples, a qualifié le commandant Schettino de «héros», et le chef de la police municipale a menacé d'interdire les attroupements causés par les entrevues devant les caméras de télévision, selon le quotidien romain La Repubblica.

Le fait que l'homme tenu pour responsable de la tragédie soit rentré chez lui après trois jours de prison à Grosseto, chef-lieu le plus proche du naufrage, divise la justice italienne. La juge responsable du dossier a autorisé les arrêts domiciliaires alors que les procureurs voulaient un emprisonnement préventif, de peur que le commandant Schettino, qui risque 15 ans de prison, ne prenne la poudre d'escampette. Les procureurs ont porté cette décision de la juge en appel.

L'affaire se double en Italie de vieux préjugés envers les «Méridionaux», les habitants du sud du pays, où se trouve Naples. Le quotidien milanais Corriere della Sera a interviewé la femme du capitaine de la Garde côtière Gregorio Maria De Falco, rendu célèbre par son «Allez à bord, bordel!», ordre qu'il a donné au commandant Schettino parce qu'il avait abandonné le Costa Concordia avant l'évacuation de tous les passagers. L'article mentionne que les deux officiers sont originaires de la région de Naples, et Mme De Falco déplore que le commandant Schettino renforce les préjugés envers les Napolitains, que son mari combat depuis le début de sa carrière.

Les médias italiens ont déterré d'autres «saluts» (inchino) du commandant Schettino, une pratique qui consiste à dévier de la route prévue pour s'approcher d'une île ou d'un village côtier afin de saluer ses habitants. La Repubblica a trouvé, sur un blogue de la société Costa Crociere, un article qui vante un inchino de l'un de ses navires devant Procida, île voisine de Naples. Les procureurs avancent que le Costa Concordia a heurté un écueil au cours d'une telle manoeuvre devant l'île du Giglio, vendredi dernier.

Cette tradition n'existe pas chez les capitaines nord-américains, selon Simon Lebrun, pilote du Saint-Laurent qui a travaillé dans des navires de croisière. «On peut passer proche d'une île en quittant le port ou pour éviter des écueils, mais on ne dévie pas de la route prévue pour «saluer» la côte», a expliqué M. Lebrun à La Presse.

Onze morts

Le bilan du naufrage s'établit toujours à 11 morts, mais le nombre de personnes portées disparues est passé de 21 à 26, allemandes pour moitié. Les recherches ont été suspendues hier à cause du mauvais temps, alors que le pompage des 4200 tonnes de carburant a commencé pour éviter une marée noire.

L'Organisation maritime internationale, une agence de l'ONU, a annoncé une révision de la réglementation sur les grands navires de croisière, alors que le syndicat Nautilus International, qui regroupe des matelots et d'autres employés de paquebots, a dénoncé le «laxisme» des réglementations. Nautilus a aussi montré du doigt l'augmentation de la taille des paquebots, dont les plus gros peuvent maintenant accueillir plus de 6000 passagers, ce qui ralentit les évacuations.