Le 6 juillet 2005, dans l'euphorie générale, Londres a obtenu les Jeux olympiques de 2012. Aujourd'hui, le coeur n'est plus à la fête : menace terroriste, nouvelle récession, métro saturé... Or, il ne reste que 200 jours avant l'événement. Les organisateurs des Jeux feront face à d'énormes défis dans les sept prochains mois. Notre collaboratrice se penche aujourd'hui sur ceux qui devront être relevés avec le plus d'empressement.

Tenir des jeux sûrs

Telle est la véritable épine au pied des autorités britanniques, qui n'avaient pu empêcher les attentats du 7 juillet 2005 au lendemain de la victoire de la candidature olympique de Londres. Le degré d'alerte sera établi à «grave» durant les Jeux, qui se tiendront du 27 juillet au 12 août.

Une autre menace, encore plus imprévisible, pourrait gâcher les festivités: une répétition des émeutes de l'été dernier, qui furent désastreuses pour l'image de la Grande-Bretagne.

Le ministère de l'Intérieur se prépare au pire. D'anciens agents des services de renseignement devront sortir de la retraite. Scotland Yard recrutera 12 000 policiers pour patrouiller dans les 34 installations. L'arsenal de sécurité pourrait même comprendre des missiles, a précisé le ministre de la Défense, Philip Hammond, en novembre.

En outre, le comité olympique a plus que doublé son personnel de surveillance: 23 700 gardiens au lieu des 10 000 prévus.

Pourtant, les Américains demeurent inquiets. Washington dépêchera 500 agents du FBI pour veiller sur ses athlètes et ses diplomates, cibles potentielles de la nébuleuse Al-Qaïda.

Épater le monde entier

Les cérémonies spectaculaires des Jeux de Pékin ont placé la barre haut. En ces temps d'austérité, les Britanniques n'ont pas les moyens d'égaler le gigantisme chinois. Ils espèrent tout de même s'en tirer avec honneur. Les fonds alloués aux cérémonies d'ouverture et de fermeture ont été doublés d'urgence à l'automne, un rare cadeau du premier ministre, David Cameron. Mais les organisateurs partaient de loin, avec seulement 64 millions de dollars canadiens pour la plus grande fête de la planète.

«Les yeux du monde entier seront tournés vers nous. C'est un investissement capital pour stimuler le tourisme», a expliqué le ministre des Sports, Hugh Robertson.

La pression est maintenant sur les épaules de Danny Boyle, réalisateur du film Slumdog Millionaire. Le directeur artistique des Jeux a promis des spectacles axés sur le pop-rock britannique.

Respecter le budget

Coupes dans les services sociaux, réduction des caisses de retraite, mises à pied... Les Britanniques se serrent douloureusement la ceinture pour regarnir les coffres de l'État. Comble de malheur, les économistes agitent le spectre d'une nouvelle récession pour 2012. Dans ce contexte, chaque penny des «Jeux de l'austérité» pèse lourd.

Or, le vérificateur général vient de sonner l'alarme: le budget de 15 milliards de dollars est presque tout dépensé. Il suffirait d'une mauvaise surprise pour que le comité olympique se retrouve à court d'argent.

Ces restrictions budgétaires ont mené au choix controversé de Dow Chemical Company au titre de partenaire des Jeux. Le géant des produits chimiques est propriétaire de Union Carbide, responsable de la catastrophe industrielle de Bhopal, en Inde, en 1984. Le président des Jeux, Sebastian Coe, commettra-t-il d'autres bourdes au nom de la rigueur budgétaire?

Éviter la catastrophe dans les transports

Le vieux métro de Londres pourra-t-il accueillir quotidiennement 1,5 million de passagers supplémentaires? Les Londoniens sont sceptiques. Les organisateurs des Jeux tablent sur une baisse de 30% de la fréquentation habituelle dans le réseau pour éviter un désastre. Un pari énorme, dont la réussite dépendra de la volonté des employeurs à autoriser le travail à la maison, comme l'implore la Ville.

Vrai, le service du métro a été amélioré et une nouvelle ligne rapide transportera 25 000 voyageurs à l'heure du centre-ville au parc olympique. Le hic, c'est que les spectateurs ne pourront se rabattre sur la voiture pour éviter des files d'attente d'une heure dans le tube: le parc olympique, «vert», sera dépourvu de places de stationnement.

Ils devront donc s'armer de patience. Et de bière. «Vous prendrez un demi avant de rentrer», a suggéré sans rire le directeur de Transport for London, Peter Hendy, en octobre dernier.