Vedette sulfureuse du football puis comédien, Éric Cantona se lance dans le débat de la présidentielle française en sollicitant auprès d'élus les 500 signatures nécessaires à une candidature, pour alerter sur la crise du logement.

«Citoyen engagé», l'ancien sportif réputé pour son franc-parler et son goût de la provocation explique dans une lettre aux maires de France publiée dans le journal Libération qu'il cherche les précieuses «signatures», sans faire à aucun moment acte de candidature.

Le «bad boy» adulé du championnat anglais serait-il, après le foot, les planches et la publicité, sur le point de se reconvertir en politique? Peut-être pas mais, avec lui, le spectacle est garanti et l'audience promet de grimper: c'est le pari de la Fondation Abbé-Pierre, qui se bat depuis plus de 20 ans pour le logement des défavorisés.

Éric Cantona, 45 ans, dit vouloir porter «un message solidaire et puissant». Son courrier renvoie sur le site internet www.ericantona.fr, lequel débouche sur une pétition appelant à une «mobilisation générale pour le logement».

«Il faut un aiguillon comme Cantona pour redonner au logement la place qu'il mérite dans cette campagne» présidentielle, a expliqué à l'AFP Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre.

Élu «joueur du siècle» à Manchester United où il a remporté quatre fois le championnat d'Angleterre, «King» Éric a pris sa retraite de footballeur en 1997. Depuis, il a tourné au cinéma -le britannique Ken Loach lui a même fait jouer son propre rôle en 2009 dans Looking for Eric, s'est converti au théâtre et demeure une icône de la publicité, jouant sur son image de vedette égocentrique et toujours populaire.

La pétition, lancée il y a quelques semaines par la Fondation Abbé-Pierre, avait recueilli mardi après-midi plus de 103 000 signatures. L'association appelle à «construire 500 000 logements par an, dont 150 000 logements sociaux», à «encadrer les loyers» et «réguler les prix de l'immobilier» qui ont flambé en France depuis la crise de 2007-2008.

Éric Cantona explique avoir choisi la cause du logement, parce qu'«elle concerne 10 millions de personnes en France», dont au moins 3,6 millions ne sont «pas» logées ou le sont «très mal», selon la Fondation.

L'ex-vedette du football n'en est pas à son coup d'essai: il avait déjà créé un «buzz» inattendu fin 2010 en lançant un appel à retirer l'argent des banques pour dénoncer les dérives du système financier.

Parce qu'«être Français, c'est être révolutionnaire, d'abord», assénait la vedette, adepte de déclarations sentencieuses.

Cette fois, il appelle clairement les candidats à la présidentielle d'avril et mai à s'engager sur l'enjeu du logement. «C'est celui qui me présentera le meilleur équilibre qui obtiendra ma voix», prévient-il, laissant ainsi entendre qu'il ne se présentera pas lui-même.

Plusieurs candidats, dont le favori socialiste François Hollande et le centriste François Bayrou, ont fait savoir qu'ils seraient présents le 1er février lors de la publication du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre.

En attendant, le secrétaire d'État au Logement Benoist Apparu s'est dit «à 100% d'accord» avec Cantona pour «que le logement soit un des sujets de la campagne», affirmant que le gouvernement avait construit «600 000 logements sociaux» en cinq ans.

Cantona «a parfaitement raison», a lancé Michel Sapin, chargé du projet présidentiel de François Hollande, estimant qu'«il faudrait construire au moins 250 000 logements par an dont 150 000 logements sociaux pour être à la hauteur du problème».

En 2007, c'est l'ex-animateur vedette de la télévision Nicolas Hulot qui avait profité de la campagne présidentielle pour amener les candidats à s'engager sur les questions environnementales.