Le gouvernement français a annoncé mardi avoir ordonné des enquêtes administratives sur les prothèses mammaires défectueuses de la société PIP, une sénatrice de la majorité exigeant même une «mission parlementaire» sur ce «scandale» planétaire.

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a dit avoir «demandé des enquêtes» à la Direction générale de la santé et à l'agence de sécurité sanitaire (AFSSAPS) pour déterminer si des défaillances dans les systèmes de contrôles avaient permis à la société PIP de commercialiser les prothèses mammaires à l'origine d'une alerte mondiale.

«Aujourd'hui, les éléments nous laissent penser que ces gels (utilisés pour les implants mammaires PIP, NDLR) étaient vraiment frelatés», a-t-il déclaré. «Comment dans ce cas les contrôles ne l'ont pas déterminé, c'est cela qui m'intéresse», a-t-il ajouté.

De son côté, la sénatrice et ancienne ministre Chantal Jouanno a demandé la création «dans les plus brefs délais» d'une «mission d'information parlementaire» pour faire la lumière sur le «scandale des prothèses mammaires PIP».

«Des risques de rupture de ces prothèses et des risques inflammatoires ont été établis», souligne la sénatrice dans un communiqué.

Elle «considère que si le groupe d'experts de l'INCA (Institut national du cancer) n'a pas établi de lien direct entre les cas de cancer et le port d'implant PIP, cela n'en demeure pas moins un problème de santé publique, dont doivent se saisir les représentants de la nation».

En France, 20 cas de cancers ont été signalés chez des porteuses d'implants PIP, sans qu'un lien de causalité soit établi entre cancer et prothèses PIP. Le gouvernement a toutefois recommandé aux 30.000 femmes concernées en France de se faire retirer ces implants.

La société productrice de ces implants, Poly Implant Prothèse (PIP) a exporté jusqu'à sa cessation d'activité en mars 2010 la majeure partie de sa production, et on estime que dans le monde, 400 000 à 500 000 femmes seraient porteuses d'implants PIP, notamment en Amérique latine, en Espagne et en Grande-Bretagne.

Xavier Bertrand a précisé que «dans les jours qui viennent», il aurait «une conférence téléphonique avec (ses) homologues européens» pour les informer des derniers développements de ce dossier.

Ces derniers jours, une enquête a notamment été ouverte en Italie contre le fondateur de PIP, Jean-Claude Mas, déjà visé en France par deux enquêtes judiciaires, pour «tromperie aggravée» et «homicides involontaires».

Les analyses de l'AFSSAPS, effectuées sur des prothèses saisies lors d'une perquisition dans les locaux de PIP en mars 2010, ont mis en évidence un gel non conforme, au pouvoir irritant mais non génotoxique (sans altération de l'ADN des cellules), avec un risque élevé de rupture des enveloppes et de suintement du gel.

Les dernières révélations dans la presse ont ravivé les inquiétudes concernant la composition du gel de silicone des prothèses PIP, qui pourrait contenir un additif de carburant, et les enveloppes des implants qui présentent des taux de rupture très importants.

L'avocat de Jean-Claude Mas, Me Yves Haddad, a vigoureusement démenti la présence de composants industriels dans le gel de silicone utilisé par PIP.

Mais mardi, un fournisseur français de PIP a indiqué que tout le silicone qu'il avait livré à la société était censé pour lui être destiné à un usage purement industriel.

«Toutes les spécifications du produit qui nous était demandé correspondaient à un produit industriel, les fiches techniques accessibles sur l'internet et ailleurs concernant ce produit prouvent bien que c'est un produit industriel et le client ne nous a jamais donné aucune information sur les applications qu'il pouvait en faire», a dit à l'AFP Pierre Gaches, PDG de la société Gaches Chimie, distributeur de produits chimiques dans la région de Toulouse (sud-ouest).