Les leaders politiques des trois principales communautés de Bosnie (serbe, croate et musulmane) se sont mis d'accord mercredi sur la formation du gouvernement central et la mise en oeuvre de réformes, mettant fin à plus de 14 mois de crise politique et débloquant le processus de rapprochement avec l'Union européenne (UE).

«Nous sommes parvenus à un accord sur la composition du gouvernement», a déclaré à la presse un responsable politique musulman bosnien, Sulejman Tihic, à l'issue d'une réunion avec les responsables de deux autres communautés.

Les responsables politiques se sont également mis d'accord sur la mise en place de deux réformes majeures réclamées par l'UE, la loi sur le recensement et celle sur la distribution des subventions de l'Etat.

«Une atmosphère de compromis l'a emporté aujourd'hui et nous avons tous fait des efforts. Après la mise en oeuvre de ces deux lois (...), le nouveau gouvernement qui sera formé, pourra demander le statut de candidat à l'UE», a déclaré pour sa part le leader des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik.

La Bosnie est le seul pays des Balkans occidentaux à ne pas encore avoir demandé auprès de Bruxelles l'obtention du statut de candidat à l'adhésion.

L'accord conclu par les leaders bosniens a été salué par l'envoyé spécial de l'UE en Bosnie, Peter Sorensen.

«La délégation de l'UE en Bosnie est encouragée par le fait qu'un esprit de compromis a prévalu après des mois d'impasse politique», a déclaré M. Sorensen dans un communiqué, en invitant les dirigeants politiques à «mettre en oeuvre l'accord sans plus tarder».

Aux termes de l'accord, le poste de Premier ministre a été accordé au principal parti de la communauté croate de Bosnie, l'Union démocratique croate (HDZ).

Cette formation devrait soumettre jeudi le nom du futur chef du gouvernement à la présidence du pays qui doit par la suite le désigner, avant de demander le vote de confiance du parlement.

Les neuf ministères du cabinet seront répartis, dans les prochains jours, entre les six formations représentant au parlement les trois communautés.

«De meilleurs jours sont devant nous car nous sommes parvenus à un accord basé sur les principes qui permettront à la Bosnie de se développer», a affirmé un leader politique croate bosnien, Bozo Ljubic.

«Aucun d'entre nous n'est totalement satisfait mais c'est un bon accord obtenu dans l'intérêt de la Bosnie, de ses peuples et de ses citoyens», a ajouté M. Tihic.

De son côté, le chef du HDZ, Dragan Covic, a salué «le courage et la détermination» dont ont fait preuve, selon lui, ceux qui ont réalisé cet accord.

«Cet accord illustre le haut niveau de confiance qui s'est instauré entre nous. Nous estimons que c'est la voie à suivre pour essayer de stabiliser la situation économique et politique en Bosnie», a-t-il poursuivi.

L'impasse politique qui perdurait depuis les élections générales d'octobre 2010 avait bloqué le rapprochement de la Bosnie avec l'UE. La Bosnie s'est ainsi retrouvée à la traîne de tous les autres pays des Balkans occidentaux dans leur rapprochement de l'UE.

La communauté internationale et Bruxelles ont constamment appelé les leaders bosniens à trouver une solution de compromis et à former un gouvernement central en mesure de relancer les démarches d'adhésion à l'UE.

Depuis la fin du conflit intercommunautaire de 1992-95 qui a fait 100 000 morts, la Bosnie est composée de deux entités, la Republika Srpska, dirigée par M. Dodik, et la Fédération croato-musulmane qui sont unies par de faibles institutions centrales.