Le gouvernement grec de coalition socialiste-droite de Lucas Papademos devrait rester au pouvoir jusqu'à la fin du mois d'avril afin d'être en mesure d'achever les négociations cruciales sur la restructuration de la dette avant les élections législatives anticipées.

«Il est clair que les négociations sur le PSI (private sector involvement, l'opération de l'effacement d'une partie de la dette publique ndrl) et la mise en place du deuxième plan d'aide européenne ne vont s'achever que fin mars», a indiqué mercredi le porte-parole du gouvernement, Pantélis Kapsis, à la télévision privée Ant1.

«Après fin mars, nous entrons dans une période pré-électorale», a-t-il ajouté.

Mardi soir, le ministre des Finances Evangélos Vénizélos a estimé que «vu le climat d'incertitude persistante dans la zone euro, qui empire encore davantage la situation de l'économie grecque, (...) les élections devraient se tenir après la Pâque orthodoxe (15 avril), vers la fin du mois d'avril».

S'exprimant lors d'une réunion du parti socialiste Pasok, qui détient la majorité des portefeuilles ministériels dans l'actuel gouvernement de transition, M. Vénizélos a souligné que «l'avenir du pays se déciderait entre le 16 janvier et les deux ou trois semaines suivantes, au cours des négociations sur le nouveau programme».

Les négociations avec les banques créancières de la Grèce sur l'effacement de la moitié de la dette publique détenue par les établissements privés ont commencé en novembre et visent à effacer 100 milliards d'euros de la dette publique grecque, qui dépasse actuellement les 350 milliards d'euros.

Cette opération délicate, qui sera effectuée via l'échange des anciennes obligations grecques détenues par les banques privées contre des nouvelles, vise à ramener la dette grecque de 160% du PIB actuellement à 120% d'ici 2020.

La date des élections anticipées fait l'objet d'un débat entre les trois partis de la coalition --la droite de la Nouvelle-Démocratie, le Pasok, et le petit parti Laos de l'extrême droite-- depuis la désignation de l'ex-vice président de la BCE, Lucas Papademos, comme Premier ministre le 11 novembre.

Son prédécesseur élu, le socialiste Georges Papandréou, a été contraint de démissionner à la suite des critiques contre les mesures d'austérité imposées depuis deux ans à l'instigation de l'UE et du FMI, en échange des prêts de sauvetage.

Après un premier prêt UE-FMI de 110 milliards d'euros accordé en 2010, dont 73 milliards ont déjà été versés, une deuxième aide de 130 milliards d'euros a été décidée fin octobre par la zone euro en faveur de la Grèce.

Des députés socialistes et de droite avaient initialement prévu d'organiser des élections anticipées le 19 février, mais M. Papademos n'a jamais confirmé cette date, soulignant que des législatives ne pouvaient avoir lieu qu'après la mise en oeuvre du deuxième plan d'aide à la Grèce, qui traverse sa quatrième année de récession, avec une contraction cumulée de 15% de son PIB.

Dans l'espoir de capitaliser sur le mécontentement de l'électorat après deux années d'austérité sous gouvernement socialiste, la Nouvelle-Démocratie, deuxième parti au Parlement, souhaite la tenue des élections anticipées avant le 15 avril et surtout avant l'adoption d'éventuelles mesures d'austérité par le gouvernement de transition.

Entre-temps, au sein du Pasok, plusieurs ténors du parti, dont M. Vénizélos, se sont lancés dans la course à la succession du président actuel Georges Papandréou, critiqué par certains de ses pairs, et dont le mandat avait récemment expiré avant d'être tacitement prolongé.

M. Vénizélos a toutefois souligné mardi que le débat sur la succession au sein du Pasok risquait «de miner» l'oeuvre du gouvernement, qui est d'achever le plus tôt possible l'opération de restructuration de la dette.