Le fondateur de la société de prothèses mammaires PIP, suspectées de contenir un gel dangereux pour la santé et dont le retrait a été demandé, admet avoir utilisé des gels de silicone non agréés mais les juge non toxiques, a dit mardi son avocat.

Par la voix de son avocat, Jean-Claude Mas, 72 ans, fondateur de Poly implant prothèse (PIP), admet avoir utilisé du gel de silicone non agréé.

PIP utilisait deux types de gels de silicone, explique Me Yves Haddad: le gel américain Nusil, autorisé, mais aussi un gel PIP de fabrication artisanale, cinq fois moins cher pour l'entreprise confrontée depuis le milieu des années 2000 à des difficultés financières et une forte concurrence.

Pour l'avocat, ce gel PIP était «un gel alimentaire acheté sur le marché français, qui remplissait les mêmes caractéristiques chimiques que le produit Nusil».

«PIP savait qu'il n'était pas en conformité mais ce n'était pas un produit nocif», dit le défenseur de M. Mas ajoutant que le risque accru de rupture de prothèse «n'est pas démontré».

Le gouvernement français a recommandé vendredi, «à titre préventif et sans caractère d'urgence», le retrait des prothèses PIP pour toutes les femmes qui en portent. Neuf cas de cancers ont été signalés chez des femmes ayant eu des prothèses PIP mais sans qu'aucun lien de causalité ne soit établi.

PIP est soupçonné d'avoir eu recours de manière frauduleuse à un gel de mauvaise qualité pour fabriquer ses implants. Ce gel entraîne des risques accrus de rupture de l'enveloppe de la prothèse, avec pour conséquence l'inflammation des tissus environnants et des suintements de silicone.

Environ 30 000 femmes en France et au moins des dizaines de milliers à l'étranger se sont fait implanter des prothèses de cette marque.

Me Haddad a reconnu qu'en 2000 un représentant de la FDA (l'agence du médicament américaine) était venu «pour attirer l'attention de PIP» sur certains problèmes. Mais le problème alors n'était pas celui du gel, mais «la solidité de la poche, une tendance à la rupture», a-t-il affirmé.

À la suite de cette inspection, PIP n'avait plus été autorisé à vendre aux États unis.

Alors que le ministre français de la Santé Xavier Bertrand a souhaité que M. Mas «soit retrouvé et réponde de ses actes» et qu'une enquête est en cours sur cette affaire, l'avocat a affirmé que le fabricant était «chez lui dans le Var» (sud de la France) et qu'il n'était «pas en fuite du tout».