Alors que le régime russe fait face à un mouvement de contestation sans précédent, le milliardaire Mikhaïl Prokhorov a annoncé hier son intention d'affronter Vladimir Poutine à la présidentielle du 4 mars. La troisième fortune de Russie se présente en «rassembleur de l'opposition de la droite libérale démocratique».

Il ne fallait pas chercher Mikhaïl Prokhorov dans la foule monstre qui a envahi la place Bolotnaïa de Moscou, samedi, pour contester les résultats «frauduleux» des législatives du 4 décembre. Il n'y était pas. Il n'était pas non plus à un quelconque dîner entre les murs du Kremlin. Du moins, selon ses dires.

Si le géant de deux mètres -qui vaut, selon Forbes, 18 milliards de dollars- veut tenter de contrecarrer le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en mars prochain, c'est pour représenter «la classe moyenne au sens large du terme».

Prokhorov n'a vraisemblablement pas l'intention de surfer sur la vague de mécontentement qui ébranle le régime ces jours-ci. Pas question de devenir le candidat anti-Poutine.

En annonçant sa candidature hier, il a refusé de dire s'il entendait participer à la prochaine grande manifestation «pour des élections honnêtes», prévue le 24 décembre. Il s'est contenté d'appeler à une vérification juridique des résultats des législatives, à l'instar du président Medvedev.

Ton positif

Le magnat de la métallurgie de 46 ans, propriétaire des Nets du New Jersey, a également indiqué que le ton de sa campagne présidentielle serait éminemment positif. «Les critiques ne représenteront que 10% [du contenu de ma campagne]. Je voudrais plutôt me concentrer sur ce qu'il y a à accomplir.»

Jusqu'à septembre dernier, il était le leader de Juste Cause, petite formation créée par le Kremlin pour rallier le monde des affaires. Mais à peine trois mois après son entrée en politique, une rébellion interne l'a éjecté de son siège. Il y a vu la main de l'éminence grise du système Poutine, Vladislav Sourkov, qui n'aurait pas apprécié certaines libertés qu'il avait prises dans la direction d'un parti censé demeurer loyal au pouvoir.

Mikhaïl Prokhorov sait que la tâche sera difficile. Non seulement pour battre Poutine, mais aussi pour voir son nom sur les bulletins de vote.

En tant qu'indépendant, il doit rassembler deux millions de signatures pour officialiser sa candidature, ce que n'ont pas à faire les candidats présentés par des partis.

Et surtout, il doit convaincre le régime de ne pas trouver des «irrégularités» dans son dossier de candidature, comme ce fut le cas en 2008 pour l'ex-premier ministre Mikhaïl Kassianov, devenu un critique virulent du régime.