Le président russe Dmitri Medvedev a conclu jeudi sa visite à Prague, où il a notamment appelé au «calme» après les élections législatives dans son pays agité par des protestations contre le régime, alors qu'une nouvelle manifestation se déroulait à Saint-Pétersbourg, pour une quatrième journée d'affilée.

Une centaine d'opposants ont tenté de manifester jeudi soir dans l'ex-capitale impériale, et la police a procédé à plusieurs interpellations, a constaté une journaliste de l'AFP.

L'appel avait été relayé sur les réseaux sociaux, comme tous les jours depuis les élections de dimanche, pour un rassemblement sur le trottoir de la perspective Nevski, principale artère du centre-ville.

Plusieurs dizaines de policiers casqués étaient sur les lieux, et ils ont interpellé au moins trois participants à cette manifestation non autorisée. Depuis dimanche, près de 600 personnes ont été interpellées à Saint-Pétersbourg lors de ces actions.

Un des manifestants déambulait avec un masque de Vladimir Poutine, l'homme fort de la Russie, sur le visage.

Plusieurs mouvements de l'opposition russe ont appelé à de grandes manifestations samedi contre le résultat des élections législatives dans une dizaine de villes russes. Des dizaines de milliers de personnes ont promis de venir au rassemblement de Moscou, à deux pas du Kremlin.

Depuis la capitale tchèque, le président russe a également exprimé ses préoccupations quant au sort de l'euro.

Contrairement aux attentes,M. Medvedev n'a fait aucune déclaration sur le bouclier antimissile de l'OTAN alors que le différend reste entier entre Moscou et l'alliance.

«L'essentiel c'est que tout le monde se calme et que le nouveau parlement puisse travailler», a déclaré M. Medvedev au sujet de l'actuelle vague de contestation en raison des forts soupçons de fraudes électorales.

Dimanche, le parti Russie unie du premier ministre Vladimir Poutine, dont M. Medvedev était la tête de liste, a vu son résultat chuter à moins de 50%, perdant 15 points par rapport au scrutin de 2007.

«Je n'ai pas été surpris par ce résultat, il correspond aux priorités de nos citoyens et aux attentes des sociologues», a affirmé le président.

L'opposition et les observateurs électoraux ont constaté des fraudes et des dizaines de milliers de Russes manifestent depuis dimanche pour dénoncer le régime.

«Il faut examiner tous les soupçons d'irrégularités. Pour cela nous avons la commission électorale et les tribunaux. Il faut examiner cela très soigneusement», a déclaré M. Medvedev.

Les manifestations constituent une «expression de la démocratie» mais les réunions doivent avoir lieu «dans les endroits qui y sont destinés, conformément à la législation. Les citoyens doivent respecter les lois», a-t-il poursuivi.

M. Medvedev a écarté comme une forme d'ingérence les déclarations de la mission d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur des fraudes «fréquentes» et «de sérieuses indications de bourrage d'urnes».

«Nous écoutons avec plaisir l'opinion de nos amis, mais parfois certains d'entre eux souhaitent nous expliquer comment devrait être notre système électoral. Mais cela, c'est l'affaire de l'État russe», a-t-il affirmé.

Dans une conférence de presse avec son homologue tchèque Vaclav Klaus, M. Medvedev a aussi exprimé sa préoccupation quant au sort de la monnaie européenne.

«Cela nous préoccupe, c'est naturel», a souligné le président russe. «C'est aux pays membres de la zone euro de résoudre ce problème», a-t-il ajouté.

«Les problèmes de l'euro sont liés au fait que pour la première fois une devise est utilisée dans des pays qui ne se ressemblent pas, des pays forts et des pays faibles», a-t-il constaté.

De son côté M. Klaus, réputé pour son euroscepticisme, a estimé que le problème de l'euro n'était «que la partie émergée de l'iceberg».

«Une chaîne se brise à son maillon le plus faible», a-t-il affirmé avant de se prononcer pour une «transformation profonde de l'intégration européenne et du système politique, social et économique européen».

M. Medvedev a par ailleurs évoqué la candidature d'un consortium chapeauté par la société russe Atomstroïexport pour la construction de deux nouveaux réacteurs de la centrale nucléaire tchèque de Temelin, un projet évalué à 20 milliards d'euros 927 milliards de dollars) pour lequel le français Areva et l'américain Westinghouse sont également en lice.

Selon M. Medvedev, la candidature russe offre le plus d'espace aux sous-traitants tchèques.