Les Russes ont commencé à se rendre aux urnes en Extrême-Orient dimanche pour élire leur nouveau parlement qui devrait rester dominé par le parti de Vladimir Poutine, à l'issue d'une campagne marquée par des irrégularités et des pressions sans précédent.

Alors qu'il était minuit passé à Moscou, les électeurs votaient déjà en Tchoukotka (extrême nord-est) et une heure plus tard à Vladivostok. Les bureaux de vote ouvriront également à 08H00 locales dans les autres régions de Russie, le plus grand pays du monde qui s'étend sur neuf fuseaux horaires.

Quelque 110 millions d'électeurs sont appelés à désigner les 450 députés de la chambre basse du Parlement (Douma).

À Vladivostok, Nikolaï Ponomarev, un adjudant d'une base navale de cette ville située sur la mer du Japon, a indiqué avoir glissé dans l'urne la liste du parti Russie unie de Vladimir Poutine pour de meilleures conditions de vie.

«Dès le printemps, ma famille va recevoir un appartement dans un nouveau district», a-t-il dit, soulignant que le parti de Poutine défendait les intérêts de l'armée et qu'il s'attendait à une hausse de salaire en janvier.

En Tchoukotka, région proche du cercle arctique, «les électeurs se rendent dans les bureaux de vote malgré une température de -26 degrés Celsius et un petit vent», a déclaré à l'AFP Konstantin Mikhaïlov, président de la Commission électorale de la ville d'Anadyr.

Après l'Extrême-Orient, les bureaux de vote ouvriront en Sibérie, dans l'Oural, puis dans la partie européenne de la Russie. Les derniers bureaux de vote fermeront à 11H00 (heure de Montréal) dans la région de Kaliningrad, enclave russe aux portes de l'UE.

Outre Russie unie, trois autres partis actuellement représentés à la Douma -- le Parti communiste, le Parti libéral-démocrate et Russie juste (centre gauche) devraient franchir le seuil nécessaire de 7% pour entrer au Parlement.

Le parti d'opposition démocratique Iabloko, crédité de 4% des suffrages, a peu de chances d'entrer à la Douma. Quant au parti d'opposition libérale Parnass, il a été écarté du scrutin et a appelé, comme l'opposition radicale, à le boycotter ou à voter nul en maculant son bulletin en signe de protestation.

Le parti au pouvoir Russie unie, qui domine une scène politique verrouillée depuis une décennie, ne devrait pas parvenir, selon les sondages, à maintenir son écrasante majorité des deux tiers à la Douma, qui lui permet si nécessaire d'amender la Constitution, après avoir vu sa popularité baisser.

Selon le dernier sondage de l'institut indépendant Levada, la formation de Vladimir Poutine, dont la liste est conduite par le président Dmitri Medvedev, était créditée de 56% des intentions de vote en novembre, après avoir perdu 12 points en un mois.

Face à cette situation, les autorités ont cherché à mobiliser les électeurs par tous les moyens en exerçant des pressions sans précédent sur les administrations et les salariés, selon l'opposition et plusieurs ONG russes.

Golos, une association financée par des fonds occidentaux qui signale les fraudes électorales en Russie, a dénoncé samedi une «campagne de harcèlement par le pouvoir» après que sa dirigeante a été retenue à la douane d'un aéroport de Moscou pendant douze heures et vu son ordinateur confisqué.

Cette ONG fait l'objet d'une enquête du parquet de Moscou qui la soupçonne de propager des «rumeurs» et a été condamnée vendredi à une amende de 30 000 roubles pour violation de la loi électorale.

Ses ennuis se sont multipliés depuis l'intervention de M. Poutine le 27 novembre au congrès de Russie unie où il a fustigé le financement par l'étranger d'ONG russes ayant pour but «d'influencer le cours de la campagne électorale». Il a comparé ces ONG à «Judas».

Ces incidents interviennent à la fin d'une campagne électorale dominée par le parti de Poutine, même si le scrutin pourrait montrer des signes de lassitude à l'égard du système mis en place l'ex-agent du KGB après son arrivée au pouvoir en 2000.