Les crimes d'honneur «sont de plus en plus nombreux en Europe» et continueront de se multiplier si les États ne se dotent pas de plans d'action établis pour les contrer.

La mise en garde provient de la fondation suisse Surgir, organisation luttant contre la violence faite aux femmes qui vient de consacrer un long rapport à cette pratique ancestrale.

À titre indicatif, les auteurs du document relèvent que les Pays-Bas ont recensé en 2009 une quinzaine de meurtres et près de 500 cas de violence liés à l'honneur. En Belgique, où se déroule le procès de la famille de Sadia Sheikh, 17 cas de meurtres de ce type ont été recensés par les autorités fédérales entre 2004 et 2008. Surgir relève que les crimes d'honneur, qui ne sont prescrits par aucun texte religieux, sont «majoritairement pratiqués au sein des communautés musulmanes», mais aussi par les communautés sikhes, hindoues et chrétiennes.

Pour certains immigrants, «la crainte de l'assimilation peut renforcer le besoin de protéger le groupe alors que le mariage mixte et l'émancipation des jeunes générations sont vus comme une menace».

Le Conseil de l'Europe a déjà demandé aux pays membres de s'attaquer de front à la problématique en adaptant leurs lois, en formant les policiers ou encore en sensibilisant les communautés concernées, mais seuls les Pays-Bas et le Royaume-Uni se sont dotés jusqu'à maintenant «d'une politique complète de prévention et de répression».

La fondation juge qu'il est urgent pour les autres États membres de leur emboîter le pas. «Aucun pays d'Europe ne devrait être une zone d'impunité pour le crime d'honneur», relève le rapport.