Le premier ministre Vladimir Poutine a mis sévèrement en garde l'Occident dimanche contre toute ingérence dans les élections russes, après avoir été intronisé par le parti au pouvoir pour briguer un troisième mandat présidentiel en mars 2012.

S'exprimant au cours d'un congrès de son parti, Russie unie, qui s'est tenu à Moscou à une semaine des élections législatives, M. Poutine a accusé des États étrangers de financer des ONG «en vue d'influencer le cours de la campagne électorale» en Russie.

«C'est un travail inutile, de l'argent jeté par les fenêtres», a lancé M. Poutine devant quelque 11 000 de ses partisans réunis dans le stade Loujniki à Moscou.

«Premièrement, Judas n'est pas le personnage biblique le plus respecté» chez les Russes, a-t-il dit, en référence à la trahison.

Et d'ajouter dans ce message à peine voilé aux pays occidentaux: «Deuxièmement, ils feraient mieux d'utiliser cet argent pour payer leur déficit public et d'arrêter de dépenser de l'argent pour des politiques étrangères coûteuses et inefficaces», a ajouté M. Poutine.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) -- financée par les États membres -- a indiqué en octobre avoir été formellement invitée à suivre les législatives en Russie en décembre, tout en disant sa surprise de voir le nombre de ses observateurs limité par Moscou.

M. Poutine s'exprimait après avoir été désigné officiellement candidat à la présidentielle de 2012 qu'il est quasi assuré de remporter, l'opposition ayant été laminée au cours de ses deux premiers mandats au Kremlin (2000-2008).

«Je suis reconnaissant au (président) Dmitri Anatolievitch Medvedev et au congrès de Russie unie de me demander d'être candidat au poste de président de la Russie» a-t-il déclaré sous les applaudissements de la foule criant «Russie! Russie!» et «Poutine! Poutine!».

Dmitri Medvedev, s'exprimant tout juste avant son mentor, a appelé le pays à voter pour le dirigeant «le plus expérimenté et le plus populaire» du pays.

«La majorité absolue de notre pays fait confiance et lie ses espoirs pour l'avenir à (Poutine)», a lancé M. Medvedev, tête de liste de Russie unie pour les législatives.

«Votez pour notre programme, pour notre avenir et votez ainsi pour notre candidat à la présidence», a insisté le président russe.

Les délégués de Russie unie ont ensuite adopté à l'unanimité la candidature de M. Poutine au scrutin présidentiel du 4 mars 2012, une décision qui suit une annonce en ce sens faite fin septembre lors d'un précédent congrès.

Dans un premier temps, des partisans du premier ministre s'étaient succédés au micro pour louer le bilan de M. Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000, en particulier «la stabilité» qu'il a instaurée après le chaos des années 1990, dans la foulée de la chute de l'URSS en 1991.

Ces interventions -- une retraitée, un ancien militaire, un artiste ou encore un homme d'affaires -- ont été ponctuées par des applaudissements nourris et la foule a repris en coeur «Poutine, Poutine».

Après deux mandats présidentiels consécutifs (2000-2008), Vladimir Poutine ne pouvait légalement se représenter en 2008 et avait désigné M. Medvedev pour lui succéder. Il est ensuite devenu premier ministre.

Mais en tant que chef du gouvernement, M. Poutine est resté la figure centrale du régime et l'homme fort du pays.

L'actuel chef de l'État est pour sa part appelé à devenir premier ministre une fois qu'il aura rendu les clés du Kremlin à son mentor. Après l'élection présidentielle de mars, M. Poutine pourrait théoriquement rester chef de l'État jusqu'en 2024.