Serbes et Kosovars sont retournés lundi à Bruxelles à la table des négociations avec au menu les sujets qui fâchent comme la question des postes-frontières, pour la première fois depuis l'interruption il y a deux mois de ces pourparlers censés normaliser leurs relations.

Sans aller jusqu'à une reconnaissance par la Serbie de l'indépendance de son ancienne province, le but de ces négociations est de parvenir à résoudre des problèmes pratiques qui affectent la vie quotidienne de leurs habitants.

Au cours de cette nouvelle session de pourparlers, Serbes et Kosovars sont ainsi parvenus lundi, au bout de près de cinq heures de discussions, à un accord sur la reconnaissance des diplômes, a indiqué un diplomate européen.

Dans la foulée de l'indépendance du Kosovo, Belgrade se refusait jusqu'ici à reconnaître les diplômes de l'université de Pristina, où ont pourtant étudié de nombreux Serbes.

Les négociateurs ont aussi convenu de poursuivre leurs pourparlers mardi pour aborder des sujets plus difficiles, comme la représentation de Pristina dans les organisations régionales -- la Serbie refuse jusqu'ici de participer à des conférences régionales avec le Kosovo, ne lui reconnaissant pas le statut d'État-- et la question des postes-frontière.

C'est précisément en raison d'un regain de tension aux postes-frontières de Brnjak et de Jarinje, entre le Kosovo et la Serbie, que ce «dialogue» entre Serbes et Kosovars, entamé en mars sous les auspices de l'Union européenne, avait été suspendu fin septembre.

Belgrade préfère parler de «passages administratifs» car la Serbie estime n'avoir pas de «frontières» avec son ancienne province.

Les Serbes du Nord du Kosovo avaient érigé cet été des barricades à ces passages pour protester contre le déploiement de douaniers kosovars.

Ils ont refusé jusqu'ici de les démanteler, comme les y ont invités la Force de l'OTAN au Kosovo (Kfor) et la Mission européenne au Kosovo (Eulex).

Mais la Serbie est sous la pression de l'UE qui lui fait miroiter la perspective de lui accorder le statut de candidat à l'adhésion.

Cela requiert toutefois l'unanimité des 27 États de l'UE, qui n'est «pas encore» réunie, a récemment souligné le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé. L'UE a lié la question à des progrès vers une normalisation des relations entre Serbie et Kosovo.

Sur la question des passages, il «ne sera pas facile» de trouver un accord, a prévenu lundi à son arrivée à Bruxelles le négociateur serbe Borko Stefanovic.

«Compte tenu de l'esprit et des positions de l'autre partie, ce sera à nouveau un énorme défi pour nous», a-t-il admis.

Les divergences avec Pristina sont très importantes, Belgrade ne voulant à aucun prix que Brnjak et Jarinje soient considérés comme des passages frontaliers, comme le souhaite Pristina.

Selon une source diplomatique européenne, Serbes et Kosovars se verraient proposer de placer les postes-frontières litigieux sous le contrôle conjoint de la Serbie et du Kosovo, avec une supervision d'Eulex.

Le ministre kosovar des Affaires étrangères, Enver Hoxhaj, s'est déclaré favorable à une telle «gestion intégrée de la frontière», au cours d'une conférence de presse lundi à Ljubljana.

«Nous ne reconnaîtrons en aucune façon le Kosovo, que ce soit explicitement ou implicitement», a répété lundi le président serbe, Boris Tadic.

«Pour le Kosovo, la frontière Nord (avec la Serbie) est une frontière d'État indépendant, elle relève de la compétence du gouvernement central», a rétorqué le ministre kosovar des Affaires étrangères.