Près de 400 000 migrants ont été empêchés en 2010 de rejoindre l'Union européenne qui continue de renforcer l'externalisation, voire la privatisation des contrôles aux frontières, selon le dernier rapport du réseau Migreurop consulté lundi par l'AFP.

Cette troisième enquête de Migreurop, intitulée «Aux bords de l'Europe, l'externalisation des contrôles migratoires», s'intéresse au sort des migrants à la frontière orientale de la Turquie avec l'Iran et aux «passagers clandestins» à bord des bateaux de la marine marchande.

«En 2010, plus de 393 000 ressortissants extracommunautaires ont essuyé un refus d'entrée aux frontières extérieures de l'Union européenne: 336 789 aux frontières terrestres, 50 087 dans les aéroports et 6704 aux frontières maritimes», détaille le rapport.

Migreurop regroupe une quarantaine d'associations européennes et africaines militant pour le droit d'émigrer.

Le réseau a fait le choix de s'intéresser aux «passagers clandestins» des navires de la marine marchande «parce que ces situations révèlent un transfert de responsabilité de l'autorité publique vers les acteurs privés sur les plans des contrôles frontaliers et de la prise en charge des migrants interceptés», explique-t-il.

Il a mené son enquête dans 23 ports de six pays de l'UE (Allemagne, Bulgarie, Chypre, Espagne, France, Italie, Pays-Bas) et au Maroc.

Depuis la mise en place en 2004 du Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires, conséquences des attentats du 11 septembre 2001, le nombre de ces «passagers clandestins» a diminué du fait des contrôles plus sévères dans les ports où les conteneurs doivent être plombés.

Résultat: les passagers voyagent dans des conditions qui mettent leur vie en péril. Mais comme la plupart des pays refusent de les laisser débarquer, ils poursuivent parfois leur périple, «trimballés de port en port, enfermés dans une cabine, sans possibilité d'en sortir.

Quand les «clandestins» peuvent être expulsés, «des agents privés (sociétés de sécurité et de gardiennage) sont fréquemment mobilisés» au mépris des législations nationales qui confient à la police et à la gendarmerie les missions de «recherche, arrestation et consignation de migrants en situation irrégulière», dénonce Migreurop.

En Turquie, à la frontière avec l'Iran, une zone militarisée à 2500/3000 mètres d'altitude, les migrants «sont exposés à des traitements inhumains aussi bien de la part des passeurs que des autorités turques qui les arrêtent et les placent dans les geôles».