Le groupe italien Benetton a annoncé mercredi sa décision de retirer un photomontage montrant le pape en train d'embrasser un imam au Caire et s'est dit «désolé que l'utilisation de l'image ait heurté ainsi la sensibilité des fidèles».

«Nous rappelons que le sens de cette campagne est exclusivement de combattre la culture de la haine sous toutes ses formes», a indiqué dans un communiqué un porte-parole du groupe.

Plus tôt aujourd'hui, Benetton a diffusé un montage publicitaire choc, montrant Benoît XVI embrassant sur la bouche l'imam sunnite de l'université égyptienne Al-Azhar, Ahmed el Tayyeb, au nom de la lutte «contre la haine» qui a suscité les critiques de certains catholiques.

Ce photomontage, dans le cadre d'une nouvelle campagne publicitaire «United Colors of Benetton» appelée «UNHATE» («non à la haine»), devait être présentée dans la journée par Alessandro Benetton, vice-président de Benetton Group, à Paris.

Mais elle a commencé à circuler sur l'internet et a été brièvement déployée sur une banderole géante près du château Saint-Ange à Rome.

Luca Borgomeo, président de l'Association des téléspectateurs catholiques italiens, avait immédiatement demandé le retrait de cette publicité: «Est-il possible que Benetton ne puisse concevoir quelque chose de mieux?», a-t-elle dit.

Une autre image-choc a été déroulée devant la cathédrale de Milan montrant le président américain Barack Obama embrassant son homologue chinois Hu Jintao.

Benetton et son photographe Oliviero Toscani s'étaient rendus célèbres pour leurs photomontages provocateurs dans les années 90, par exemple celui d'une séduisante jeune soeur à cornettes toute vêtue de blanc embrassant un jeune prêtre en soutane noire.

Le photographe italien s'était engagé pour la liberté sexuelle, les malades du sida, et plus généralement contre les discriminations envers les communautés, races et cultures.

Les relations entre le pape et l'imam d'Al-Azhar sont difficiles, notamment depuis que Benoît XVI avait exprimé sa solidarité aux victimes de l'attentat qui avait fait 21 morts dans une église d'Alexandrie le 1er janvier dernier.

L'imam l'avait perçue comme une ingérence.

«Il s'agit d'images symboliques -avec une touche d'espérance ironique et de provocation constructive- pour promouvoir une réflexion sur la manière dont la politique, la foi, les idées, même si elles sont opposées et diverses, peuvent amener au dialogue et à la médiation», s'est justifié Benetton.