Le futur chef du gouvernement italien, Mario Monti, était lundi sous la pression des marchés et de ses partenaires pour former son équipe et récupérer la crédibilité de son pays perdue dans les dernières semaines du gouvernement de Silvio Berlusconi.

L'ex-commissaire européen a reçu toute la journée les représentants de groupes parlementaires en commençant par les plus petits. Il verra mardi les grandes formations ainsi que patronat et syndicats avant de présenter une liste restreinte de 12 ministres au chef de l'État, Giorgio Napolitano.

Sa désignation par le président a été initialement saluée par les marchés mais l'inquiétude a repris le dessus notamment après une chute inattendue de la production industrielle en zone euro en septembre.

La bourse de Milan a terminé sur une chute de 1,99% et les taux italiens à 10 ans sont remontés à 6,7%, après avoir dépassé la semaine dernière les 7%, un niveau jugé périlleux pour la troisième économie européenne, qui doit rembourser une dette colossale de 1 900 milliards d'euros (120% du PIB).

Le premier ministre désigné, surnommé parfois le «cardinal» pour sa prudence, constituera rapidement une équipe comprenant surtout des technocrates, mais qui pourrait inclure 25 à 30 secrétaires d'État «politiques» afin de s'assurer un ample soutien au Parlement.

M. Monti a été qualifié de «personnalité extrêmement compétente et d'Européen engagé», par le président de la Commission européenne José Manuel Barroso qui l'a appelé à «un nécessaire consensus politique» en formant son équipe.

Selon le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, le nouveau gouvernement obtiendra la confiance du Parlement d'ici vendredi.

Une fois entré en fonction, M. Monti s'est engagé à travailler dans l'urgence et avec l'objectif que l'Italie «redevienne protagoniste» en Europe.

Un porte-parole du commissaire européen Olli Rehn a souligné que «même avec un nouveau gouvernement, notre diagnostic sur l'économie italienne ne change pas».

Selon un membre du Parti républicain italien qui l'a rencontré, M. Monti a prévu un «programme comportant beaucoup de sacrifices».

La «patronne» des patrons italiens Emma Marcegaglia, qui le verra mardi, a insisté aussi sur la nécessité de relancer l'économie «car un pays qui n'a pas de croissance ne peut pas respecter les paramètres de déficit».

Pour la presse italienne, M. Monti, réputé pour sa compétence et son indépendance comme commissaire européen (1994-2004), représente un «changement d'époque» pour l'Italie après 17 ans de «berlusconisme», le «professeur» symbolisant «le défi du sérieux» et une «autre Italie».

Alors que selon un parlementaire qui l'a rencontré lundi, M. Monti compte rester jusqu'aux législatives de 2013, la grande inconnue sera la longévité de cette équipe. Le président Napolitano voudrait éviter des élections anticipées car l'Italie doit placer d'ici avril 2012 pour 200 milliards d'euros d'obligations d'État.

Bravade ou volonté d'éviter une explosion de son parti, Silvio Berlusconi a averti que sa formation PDL, la plus grande à la Chambre des députés avec plus de 200 sièges, pouvait «retirer son soutien à n'importe quel moment» à M. Monti.

M. Berlusconi, chargé des affaires courantes jusqu'à la prestation de serment du futur gouvernement, pourrait utiliser sa capacité de nuisance si par exemple le gouvernement Monti entreprenait aussi de réviser la loi électorale.

Sur le plan économique, M. Monti devrait rapidement annoncer un nouveau tour de vis budgétaire, comme le demande l'UE convaincue que Rome n'atteindra pas son objectif d'équilibre budgétaire en 2013 malgré les plans d'austérité adoptés ces derniers mois.

Dans ce cadre, il pourrait rétablir la taxe foncière sur la résidence principale abolie par M. Berlusconi et mettre en place un impôt sur la fortune, auquel le Cavaliere, troisième homme le plus riche d'Italie, s'est toujours opposé.

Un autre grand chantier devrait être aussi la réforme des retraites même si M. Monti devra affronter les réticences des syndicats, également défavorables à une trop grande libéralisation du marché du travail.

Pendant que l'Italie attendait son nouveau gouvernement, le nouveau premier ministre grec Lucas Papademos se préparait à prononcer dans la soirée un important discours de politique générale.