Décrit comme isolé et déprimé, l'ex-directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn voit probablement s'envoler ses derniers espoirs de peser sur la scène publique française, contraint de se défendre dans une affaire de prostitution de plus en plus délicate.

Cible de poursuites pour tentative de viol aux États-Unis puis en France, M. Strauss-Kahn est désormais cité dans un dossier de proxénétisme de luxe et d'abus de biens sociaux autour de l'hôtel Carlton de Lille (nord) impliquant hommes d'affaires et policiers. Il est aujourd'hui aussi l'objet de rumeurs sur la solidité de son couple avec la journaliste Anne Sinclair.

Lundi l'ancien ministre socialiste et son épouse ont tenté une contre-attaque, annonçant leur intention de «saisir la justice» contre toute atteinte à leur «vie privée»: par la voix de leurs avocats, ils ont dénoncé «certains articles relevant du voyeurisme le plus détestable» sur «les prétendues intentions ou les états d'âme allégués d'Anne Sinclair ou de Dominique Strauss-Kahn».

Selon la radio privée RTL, un «conseil de famille» a été réuni dimanche pour organiser la riposte.

Ces derniers jours, plusieurs journaux avaient reproduit des SMS entre DSK et l'homme d'affaires Fabrice Pazskowski, inculpé dans le dossier du Carlton, dans lesquels sont évoquées «boîtes privées» et soirées coquines en Europe.

Dans ce dossier de proxénétisme, huit personnes, dont le propriétaire du grand hôtel, un grand patron, un commissaire de police et un avocat, ont déjà été inculpées. Le nom de M. Strauss-Kahn est apparu à plusieurs reprises. Des prostituées auraient témoigné avoir eu des relations sexuelles avec l'ex-patron du FMI lors de soirées organisées par les inculpés en 2009, 2010 et 2011 en France et aux États-Unis.

Depuis des semaines, l'ancien favori des sondages pour la présidentielle de 2012 crie au «lynchage médiatique». Il a à nouveau demandé vendredi à être entendu «le plus rapidement possible».

Économiste brillant, Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, avait reconnu une «légèreté» passée et une «faute morale» après l'affaire du Sofitel de New York qui avait mis le 14 mai un brutal coup d'arrêt à ses ambitions.

Les poursuites pénales engagées contre lui pour agression sexuelle sur Nafissatou Diallo, femme de chambre de cet hôtel de Manhattan, avaient finalement été abandonnées, mais il devra encore répondre d'une plainte au civil aux États-Unis.

En France, la justice a classé la plainte pour «tentative de viol» de la romancière Tristane Banon, mais a «reconnu» des faits d'agression sexuelle, prescrits car remontant à 2003.

Mais le temps des courtisans n'est plus. «DSK, un homme isolé», titrait lundi le journal populaire Le Parisien, affichant en Une une récente photo de l'ancien poids lourd de la vie politique française marchant dans Paris le visage défait, mangé par une barbe grise de quelques jours.

Un carré de vieux fidèles continue de venir voir l'ancien espoir de la gauche, mais les marques publiques de soutien se font rares et les commentaires de plus en plus distanciés.

«C'est un ami avec lequel je ne partirai pas forcément en vacances», a ainsi glissé le maire socialiste de Lyon (centre-est) Gérard Collomb dans Le Parisien, tandis qu'en coulisse, nombre de ténors socialistes se félicitent d'avoir évité une campagne présidentielle avec DSK comme champion.

L'ancien Premier ministre Michel Rocard revendique même désormais d'avoir été «le premier à dire» que DSK était «malade», ce que «tout le monde pensait». Fin août, il avait lancé: «Cet homme a visiblement une maladie mentale» et éprouve «des difficultés à maîtriser ses pulsions».

En embuscade, les avocats de Nafissatou Diallo guettent eux la moindre évolution du dossier du Carlton, dans la perspective du procès au civil où ils comptent demander des millions de dommages et intérêts à DSK.