Carlos a nié jeudi devant la cour d'assises spéciale de Paris toute implication dans l'attentat contre un train qui a fait 5 morts en 1982, jugeant «évident» que cette attaque visait le futur président Jacques Chirac, habitué de ce train et alors maire de Paris.

«Il y a eu une rumeur disant que c'était dirigé contre M. Chirac, qui à l'époque était maire de Paris et député de Corrèze (centre) et à qui il arrivait de prendre le Capitole (train assurant la liaison Paris-Toulouse)», a rappelé le commissaire Jean-Jacques Plasseraud, aujourd'hui en retraite.

Mais, a-t-il poursuivi, «le 29 mars 1982 était un lundi, or il ne paraît pas d'usage que les parlementaires rentrent dans leur circonscription en début de semaine. Pour nous, sur le plan de l'enquête, (c'était) sans consistance».

Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, assure qu'il n'est pour rien dans cette attaque. Selon lui, quelqu'un a voulu «tuer Chirac».

Quelle preuve en a-t-il? La bombe, dit-il, était «cachée derrière le siège de Jacques Chirac». «C'est évident!», s'est-il énervé. «Ce jour-là, il était en retard et ça lui a sauvé la vie.» «Pourquoi vous essayez de l'occulter?», interroge-t-il, convaincu qu'il s'agit d'un «blocage politique».

Celui qui se revendique comme un «révolutionnaire de profession» s'appuie notamment sur une interview télévisée de Jacques Chirac du 14 juillet 2001, où le président alimente la rumeur.

Alors mis en difficulté par le journaliste qui l'interroge sur ces voyages «payés en espèces», le chef de l'État répond qu'il le fait «pour des raisons de discrétion et de sécurité». Car, affirme-t-il, il a lui-même «été l'objet d'un attentat dans le Capitole, qu('il n'a) pas pris à la dernière minute».

Carlos assure n'avoir pu être l'auteur de l'attentat car ce jour-là, il était en Hongrie, «à des milliers de kilomètres».

Pas besoin d'être en France, relève alors Me Francis Szpiner pour les parties civiles car, rappelle-t-il, «vous n'êtes pas accusé d'avoir personnellement mis la main à la pâte, mais d'être l'instigateur de ces attentats».

Selon l'accusation, Carlos aurait voulu par cet attentat faire pression sur le gouvernement pour obtenir la libération de sa compagne Magdalena Kopp et de Bruno Bréguet, tous deux membres de son groupe et arrêtés en février 1982 avec des armes et des explosifs.

Quelques jours après leur arrestation, un courrier de menaces au ministre de l'Intérieur, le socialiste Gaston Defferre, réclamait leur libération «dans un délai de trente jours». Les empreintes digitales de Carlos étaient identifiées sur le document.

Un mois plus tard, une bombe explosait dans la soute à bagages de la voiture 18 du train express Paris-Toulouse, faisant 5 morts et 28 blessés.

C'était «une vision d'horreur», a raconté Jean-Jacques Plasseraud. «Au fur et à mesure que je progressais vers l'avant, il n'y avait plus rien, (...) plus de compartiments (...) plus de structure», mais «beaucoup de sang, de verre et de morceaux de chair».

Trois heures après, des «amis de Carlos» revendiquent l'attentat auprès de l'Agence France-Presse. Le lendemain, c'est la préfecture de police qui reçoit un coup de fil «au nom de l'amicale terroriste de Carlos», suivi d'un appel identique à l'AFP.

Si Bréguet et Kopp ne sont pas libérés, dit au téléphone le correspondant anonyme, «nous avons d'autres projets encore plus désastreux».

«Le mouvement des amis de Carlos, ça fait pas très sérieux, c'est des gens qui ont fumé un pétard», plaisante l'accusé, qui assure que ces revendications, «ça n'a rien à voir avec» son organisation.

À ses yeux, «ces trois appels téléphoniques sont bidons». Et pour cause, car «la fameuse lettre envoyée à Gaston Defferre» avait été rendue publique «trois semaines plus tôt» et cela «pouvait servir à n'importe quel farfelu pour faire une quelconque revendication».

Le procès reprendra lundi. Le verdict est attendu le 16 décembre.