Plusieurs milliers de personnes manifestaient mardi à Nice pour réclamer plus de justice sociale sous la bannière «Les peuples d'abord, pas la finance!», bien décidés à se faire entendre des membres du G20 dont le sommet démarre jeudi à Cannes, à 30 km de là.

Le cortège s'est ébranlé bruyamment après 15h30, pour entreprendre une quasi-boucle dans le nord-est de la ville, selon le parcours imposé, loin du centre.

Une source policière évoquait le chiffre provisoire de 4500 à 5000 manifestants, les initiateurs de la mobilisation parlaient d'«au moins 4000».

Les organisateurs, qui représentent une quarantaine d'associations et syndicats, en espéraient 10 000.

Dans Nice ensoleillé et calme en ce jour férié, l'événement était placé sous haute surveillance: gendarmes mobiles, CRS(policiers anti-émeutes), polices nationale et municipale... au total, 2000 hommes chargés d'encadrer la marche et de barrer la route à d'éventuels casseurs.

Les organisateurs avaient de leur côté prévu un service d'ordre de 100 personnes.

En tête du cortège, l'organisation Action contre la Faim arborait un slogan de circonstance: «G20, j'ai faim». «Un homme, un toit,» lisait-on sur des camions d'Emmaüs.

Dans le cortège se trouvait une centaine de militants de l'organisation Oxfam, venus d'Espagne, de Belgique, du Mexique, de Grande-Bretagne. Coiffés de chapeaux de Robin des Bois et portant un sac de toile symbolisant la Bourse, ils réclament une taxation des transactions financières, pour un meilleur partage des richesses.

«On est content que nos idées de taxation des transactions financières soient reprises par une grande partie des responsables politiques européens, mais ça reste à l'état de discours», déclare à l'AFP Aurélie Trouvé, co-présidente d'Attac France.

«On veut passer à un stade de mise en oeuvre de mesures concrètes au niveau du G20. La proposition de la Commission européenne de faire cette taxe est un point très positif, mais il y a un problème: c'est proposé pour rembourser les dettes. Autrement dit, on taxe la finance pour redonner à la finance.»

Le vice-président du syndicat coréen KCTU, Jeong Eia-Hun, est venu de Séoul dire «l'opposition des travailleurs coréens aux solutions du G20 face à la crise, qui donnent priorité à la finance et nous privent de nos emplois et nos salaires».

«Nous disons qu'il est possible d'enrayer l'épidémie de sida dans les pays en voie de développement en mettant en place la taxe Tobin», explique Marie Suzan, présidente d'Aides PACA.

Si les messages sont graves, l'ambiance est festive, rythmée par des groupes de percussions. Le cortège passe devant la succursale d'une Caisse d'Épargne préventivement recouverte de plaques de contreplaqué.

Dans la matinée, la police a interpellé sur la Promenade des Anglais trois Espagnols porteurs de boulons, piolets (pics pour l'escalade), cagoules, masques à gaz et T-shirts avec l'inscription «black cross». «Cela peut laisser penser qu'ils appartiennent à une mouvance des Black Blocks», groupes virulents de militants anarchistes ou autonomes, selon Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Mardi, aucun passage suspect de militants en provenance d'Italie n'a en revanche été constaté aux différents points de la frontière franco-italienne, selon une source policière.

Pour cette semaine à risques, 12 000 membres des forces de l'ordre sont déployés dans les Alpes-Maritimes, notamment à Cannes où 25 chefs d'État et de gouvernement sont attendus dès jeudi.

Les carabinieri italiens sont également mobilisés, contrôlant l'entrée de l'autoroute vers la France, et en force à Vintimille.

En juin 2010, des affrontements avaient éclaté à Toronto à l'occasion de protestations anti-G20. En 2009, un passant était mort à Londres après avoir été frappé par un policier pendant des manifestations anti-G20.