Des opérations policières ont été menées samedi en Bosnie et en Serbie contre des musulmans radicaux, aboutissant à une vingtaine d'interpellations, au lendemain du mitraillage par un islamiste serbe de l'ambassade des États-Unis à Sarajevo, ont indiqué les autorités et les médias.

Des forces policières spéciales ont fait une descente en fin de journée à Gornja Maoca, une bourgade du nord-est de la Bosnie peuplée de musulmans intégristes, a rapporté la chaîne de télévision publique FTV.

Une quinzaine de véhicules sont entrés dans le village et des policiers ont fouillé plusieurs maisons, selon la même source.

Deux personnes ont été interpellées et interrogées, à préciser le procureur Dubravko Campara, cité par l'agence Fena.

La police bosnienne avait mené en février 2010 une vaste opération dans le même village, arguant que ses habitants mettaient «en danger l'intégrité territoriale» du pays.

Par ailleurs, une personne a été interpellée à Sarajevo au cours d'une perquisition menée dans un quartier où vivent plusieurs familles adeptes du wahhabisme, une branche intégriste de l'islam, selon la FTV.

«Aujourd'hui, et dans les prochains jours, des perquisitions seront menées dans tous les endroits ayant un quelconque lien avec cet événement», a déclaré à la presse le ministre bosnien de la Sécurité, Sadik Ahmetovic.

Il a annoncé «un combat sans compromis contre une quelconque forme de radicalisme».

Le procureur Campara a expliqué que des enquêteurs locaux coopéraient «en permanence» avec les autorités de Serbie et avec l'ambassade américaine.

«Nos hommes sont sur le terrain (...) et ils interrogent un certain nombre de personnes», a-t-il dit, refusant de révéler davantage de détails sur l'enquête.

Dans la matinée, la police serbe a interpellé «17 personnes soupçonnées d'appartenir au mouvement radical wahhabite et d'avoir entretenu des liens étroits avec Mevlid Jasarevic», l'homme qui a attaqué l'ambassade, a indiqué le ministère serbe de l'Intérieur dans un communiqué.

Douze des suspects sont domiciliés à Novi Pazar, deux à Tutin et deux à Sjenica, des villes situées dans le Sandzak, une région à forte population musulmane dans le sud de la Serbie, a-t-on précisé de même source, ajoutant qu'un ressortissant bosnien avait également été arrêté.

Des médias serbes ont indiqué dans la soirée que ces suspects avaient été libérés après des interrogatoires.

Les descentes de la police serbe ont concerné 18 endroits, où ont été saisis des ordinateurs, quelque 1800 CD, une cinquantaine de cartes de téléphone, des caméras, des cassettes audio et vidéo, ainsi que des livres propageant les idées du mouvement, selon le communiqué du ministère.

Mevlid Jasarevic, 23 ans, est un ressortissant serbe originaire de Novi Pazar.

Selon des membres de sa famille, cités par la presse bosnienne, il s'est installé en Bosnie après avoir commencé à fréquenter des milieux wahhabites dans ce pays.

Les autorités bosniennes ont confirmé que Jasarevic entretenait des liens avec le mouvement wahhabite en Bosnie.

Blessé par la police vendredi pendant son attaque contre l'ambassade américaine, Jasarevic est toujours hospitalisé à Sarajevo et sera détenu à sa sortie de l'hôpital, «dans un ou deux jours», a expliqué M. Campara. Cette attaque est sans précédent en Bosnie.

Les télévisions locales ont montré un jeune homme barbu, vêtu comme le sont souvent les intégristes musulmans locaux, pantalon court et tunique, déambulant à découvert sur l'une des artères du centre-ville, armé d'une Kalachnikov.

Il s'était mis à tirer sur l'ambassade et a blessé un policier local appartenant à la sécurité de l'immeuble, lui aussi hospitalisé.