La pluie et la neige aggravent la situation des sans-abri du séisme qui a frappé dimanche l'est de la Turquie et dont le bilan atteint désormais 573 morts, mais des miracles se produisent encore, comme celui d'un garçon sauvé des décombres 108 heures après.

Des équipes de secouristes ont extrait des décombres dans la nuit de jeudi à vendredi un garçon de 13 ans à Ercis, la ville la plus dévastée par le tremblement de terre de magnitude 7,2 survenu dimanche dans la province de Van, a annoncé l'agence de presse Anatolie.

Ferhat Tokay était resté bloqué sous les gravats d'un immeuble qui s'est effondré dans cette ville de 75 000 habitants, et ses jours ne seraient pas en danger, selon les médecins, a indiqué l'agence.

Au total 187 personnes ont été retirées vivantes des décombres par les sauveteurs après le sinistre, qui a fait trois nouvelles victimes, le bilan s'établissant à 573 morts et 2555 blessés, selon un dernier décompte officiel donné vendredi.

Quelques heures plus tôt, c'était Aydin Palak, un étudiant de 18 ans, qui était extrait des décombres d'un immeuble à Ercis.

Les premières chutes de neige jeudi matin et le froid glacial enregistré dans la nuit sont de mauvais augure pour les habitants et les secouristes.

Les précipitations ralentissent les opérations de secours, rendent plus difficile l'utilisation des équipements électriques et créent des risques d'hypothermie pour les personnes encore sous les décombres.

Les bulldozers et autres engins de démolition ont amorcé jeudi à Van, la capitale régionale, les travaux de déblaiement, mettant un point final aux espoirs de nouveaux sauvetages dans cette agglomération.

À Ercis, plusieurs centaines de secouristes étaient toujours à pied d'oeuvre.

Des milliers de têtes de bétail, l'une des principales sources de revenus de la population locale, ont péri dans le séisme, et ce avant la fête musulmane du sacrifice, qui débute le 6 novembre en Turquie.

Le ministre de l'Agriculture Mehdi Eker a rassuré les éleveurs, promettant des indemnisations.

Des habitants ont de nouveau formé tôt vendredi de longues files d'attente devant la sous-préfecture d'Ercis, a-t-on constaté. Pour l'instant, environ 25 000 tentes ont été acheminées dans la région.

Des soldats ont commencé à accompagner les camions d'aide, après le pillage de plusieurs véhicules du Croissant-Rouge turc par des rescapés en colère s'estimant livrés à eux-mêmes.

Pour faire face aux conditions de vie difficiles des sinistrés, la Turquie a accepté mercredi les offres d'aide de plusieurs pays, et jeudi, c'est un avion israélien transportant cinq logements préfabriqués pour les victimes du séisme qui est arrivé à Ankara.

Au total, une douzaine de pays ont répondu favorablement à l'appel d'aide d'Ankara, a-t-on souligné de source diplomatique.

L'aide d'Israël intervient en dépit des relations exécrables entre les deux pays depuis la mort de neuf Turcs au cours d'un raid de l'armée israélienne contre un navire d'aide humanitaire à destination de Gaza, en 2010.

Un avion arménien transportant 40 tonnes d'aide d'urgence, en particulier des tentes et des couvertures, était attendu en Turquie.

Les relations entre l'Arménie et la Turquie ne sont pas non plus au beau fixe, un différend historique les opposant au sujet du caractère génocidaire des massacres d'Arméniens survenus sous l'Empire ottoman en Anatolie, qu'Ankara réfute.

«Nous sommes reconnaissants pour toutes ces aides», a indiqué vendredi à l'AFP le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Selçuk Ünal, qui a cependant affirmé que cet élan de solidarité des pays avec lesquels Ankara est en froid ne devrait pas changer «les principes fondamentaux» de la politique étrangère turque à leur égard.