Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a eu un entretien samedi soir à Bruxelles avec la chancelière allemande Angela Merkel à la veille d'un sommet de l'UE où Rome va se retrouver sous pression pour respecter ses engagements budgétaires.

«J'ai parlé avec Mme Merkel», a dit M. Berlusconi à l'issue d'une réunion des dirigeants conservateurs européens près de Bruxelles organisée à la veille d'un sommet des dirigeants européens sur la crise de la dette qui déstabilise la zone euro.

À la question de savoir s'il avait convaincu la chancelière, M. Berlusconi a répondu laconiquement: «je pense».

L'Italie suscite l'irritation croissante de ses partenaires européens qui doutent de la capacité du gouvernement de M. Berlusconi à maintenir ses finances sous contrôle et redoutent que le pays ne provoque une crise gravissime dans la zone euro si ses comptes publics ne sont pas fermement tenus.

Ils lui demandent de préciser ses engagements déjà pris en matière de réduction du déficit budgétaire, tandis que la Commission européenne exige des réformes structurelles supplémentaires de l'économie italienne.

«Nous attendons de l'Italie qu'elle réitère ce dimanche de façon claire ses projets d'assainissement budgétaire et de réformes structurelles», a déclaré cette semaine le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn.

La situation est «urgente», «les fondamentaux (italiens) sont solides, mais il y a un besoin de réformes structurelles plus poussées, notamment sur le marché du travail», a aussi insisté son porte-parole à Bruxelles.

Les dirigeants européens attendent de M. Berlusconi qu'il donne des engagements fermes lors du sommet de lundi qu'il ne relâchera pas la pression sur la réduction de la dette nationale. Le chef du gouvernement italien a été du reste invité à un tête-à-tête préalable, peu avant la réunion, avec le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy.

«L'idée est de mettre la pression sur Berlusconi», confie un diplomate d'un pays européen.

Le mécontentement est d'autant plus grand que la zone euro cherche en ce moment à protéger l'Italie et l'Espagne d'une contagion de la crise de la dette, en renforçant la capacité d'intervention du Fonds de secours financier de la zone euro, le FESF.

Des négociations à ce sujet doivent aboutir d'ici à un sommet européen prévu le 26 octobre.

Les responsables européens ont le sentiment que depuis que la Banque centrale européenne a volé en août au secours de l'Italie, en commençant à racheter sa dette publique sur les marchés, Rome a relâché ses efforts et commencé à revenir sur ses promesses de rigueur.

Au cours de la réunion samedi soir des dirigeants conservateurs près de Bruxelles, M. Berlusconi a présenté le plan de rigueur qu'il a récemment fait adopter par le Parlement italien.

Mais, a expliqué un participant s'exprimant sous couvert de l'anonymat, M. Berlusconi s'est montré «très réservé» sur la nécessité d'en faire davantage. Un autre participant à la réunion a confié à l'AFP que des dirigeants européens ont mis en doute la crédibilité de l'Italie pour mettre en oeuvre son plan de rigueur censé permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire dès 2013.

L'Allemagne insiste pour que l'Italie réduise sa dette publique très importante colossale de 1.900 milliards d'euros, soit 120% du PIB.