«Independancia! Independancia!»: deux jours après l'annonce historique de la fin de plus de 40 ans de lutte armée de l'organisation séparatiste basque ETA, des dizaines de milliers de personnes ont défilé samedi à Bilbao pour exiger «une solution politique» au Pays basque.

En l'absence d'estimations des organisateurs et de la police, la presse évoquait des dizaines de milliers de manifestants dans un défilé qui s'étendait sur plus d'un kilomètre.

En tête du cortège marchaient côte à côte les dirigeants de plusieurs partis de la gauche indépendantiste, de syndicats et des mouvements nationalistes signataires de l'accord de Guernica de 2010 (demandant à l'ETA «l'abandon définitif de la lutte armée»).

Derrière la banderole «Le Pays basque veut une solution», les manifestants demandaient une résolution politique de la situation et une solution pour les quelque 700 membres présumés de l'ETA, emprisonnés.

«Independancia! Independancia!», scandait la foule, ou encore «les prisonniers dans la rue, amnistie totale».

«La situation ne change pas. La seule chose c'est qu'il n'y a plus d'ETA. Le conflit du peuple basque continue et nous espérons que c'est le début de la solution du conflit», a estimé Miren, ouvrière de 41 ans qui, comme de nombreux manifestants, ne souhaite pas révéler son nom de famille.

Juan José Sainz, un retraité de 64 ans, ancien ouvrier du port de Bilbao, n'est pas de ceux-là. Pour lui, la solution est simple: «Ceux qui sont en prison, non pour un crime mais pour un délit d'opinion, doivent sortir à tout prix», tranche-t-il.

Pour lui, ce qu'il faut corriger «en premier lieu, c'est un manque de démocratie». Il affirme faire partie des «40 000 personnes qui ne peuvent pas se présenter aux élections» en raison de son appartenance passée à des mouvements radicaux.

Les organisateurs de la manifestation ont eux assuré qu'une nouvelle page s'ouvrait avec la fin de la lutte armée de l'ETA.

Affaiblie, poussée par la mouvance politique indépendantiste qui espère faire une percée significative aux élections anticipées du 20 novembre, l'ETA, considérée comme responsable de la mort de 829 personnes, a annoncé jeudi, dans un communiqué lu par trois militants encagoulés, poing en l'air, «l'arrêt définitif» de la lutte armée.

Quatre jours auparavant, une conférence internationale qui réunissait à Saint-Sébastien notamment l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et le président du parti nationaliste nord-irlandais Sinn Fein, Gerry Adams, avait appelé l'ETA à renoncer définitivement à la violence.

«La conférence internationale a ouvert une fenêtre à l'espoir et la paix», ont affirmé les organisateurs en lisant un manifeste aux participants. «Nous allons ouvrir les portes du droit de décider pour le Pays basque et les portes du respect aux mêmes droits pour tous».