L'ancien président du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) Antonio Cassese, qui avait démissionné le 9 octobre pour des «raisons de santé», est décédé dans la nuit de vendredi à samedi des suites d'un cancer, a annoncé le TSL.

«L'ancien président du Tribunal spécial pour le Liban, le juge Antonio Cassese, est décédé après un long combat avec le cancer», selon un communiqué du tribunal. «Il est mort paisiblement la nuit dernière à son domicile à Florence».

Premier président du tribunal, qui a ouvert ses portes le 1er mars 2009 à Leidschendam, dans la banlieue de La Haye, l'Italien Antonio Cassese, né en 1937, était resté juge à la chambre d'appel du TSL après sa démission du poste de président.

Le TSL est chargé de juger les responsables de l'attentat à la camionnette piégée lors duquel l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri et 22 autres personnes, y compris l'auteur de l'attentat-suicide, avaient été tuées le 14 février 2005 à Beyrouth.

Quatre membres du Hezbollah sont impliqués dans cet attentat, selon l'accusation, et font l'objet de mandats d'arrêt du TSL transmis le 30 juin aux autorités libanaises ainsi que de notices rouges d'Interpol.

«Le décès du juge Cassese est une tragédie indicible», a déclaré David Baragwanath, qui avait remplacé le juge Cassese en tant que président du TSL, cité dans le communiqué.

Antonio Cassese avait également été le premier président du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), de 1993 à 1997, et avait été nommé en 2004 président de la Commission d'enquête internationale des Nations Unies sur le Darfour.

«Il a contribué à la création du droit international pénal moderne, dont il était l'une des personnalités-clés. Sa famille s'étendait à travers le monde, aux endroits affectés par l'injustice», a assuré David Baragwanath.

Également professeur de droit international à l'Université de Florence, ainsi que professeur invité pendant un an à Oxford, Antonio Cassese avait écrit de nombreux livres et ouvrages sur le droit et la justice internationale.

«Avec la disparition du juge Cassese, la justice internationale perd l'un de ses pionniers, et les défenseurs des droits de l'homme un de leurs vétérans», a déclaré le juge Ralph Riachi, vice-président du tribunal, également cité dans le communiqué.

Premier tribunal international habilité à juger des actes terroristes, le TSL tiendra une audience, consacrée à l'éventuelle tenue d'un procès par défaut, c'est-à-dire en l'absence des accusés, le 11 novembre.

Le Hezbollah, majoritaire avec ses alliés au sein du gouvernement libanais et qui accuse le TSL d'être le fruit d'un complot «israélo-américain» visant à le détruire, a exclu l'arrestation des quatre suspects.

De son côté, le chef de l'opposition et ex-premier ministre libanais Saad Hariri, fils de Rafic Hariri, dont le gouvernement était tombé en janvier après la démission des ministres du camp du Hezbollah sur fond de crise au sujet du TSL, avait appelé le Hezbollah à livrer les quatre accusés au TSL.