Les vols dans les magasins sont repartis à la hausse en France entre la mi-2010 et la mi-2011, progressant de 2,9 % en valeur, selon une étude publiée mardi, qui pointe une «professionnalisation» du vol à l'étalage.

L'étude, réalisée dans 43 pays par le Centre de recherche dans la distribution (Center for Retail Research, basé en Angleterre) auprès de 1187 groupes, pour la société de sécurité Checkpoint Systems, mesure la «démarque inconnue», c'est-à-dire la différence entre les stocks théoriques et réels, qui résulte de vols, mais aussi d'erreurs administratives ou des fournisseurs.

En France, la facture pour les distributeurs est repartie à la hausse, pour renouer avec le montant atteint deux ans plus tôt, 4,9 milliards d'euros, ou 1,40 % du chiffre d'affaires, contre 4,7 milliards d'euros ou 1,36 % des ventes il y a un an.

L'équivalent, selon l'étude, d'un impôt annuel de 200 euros par foyer.

Les distributeurs estiment que les vols sont commis à 44 % par les clients, 30,1 % par le personnel et 7,2 % par les fournisseurs.

«Des voleurs mieux renseignés déjouent plus facilement les dispositifs standard de sécurité et ceux qui se font attraper sont les voleurs qui restent occasionnels, avec des montants moins élevés», a expliqué à l'AFP Cédric Brossard, directeur marketing pour la division textile Europe de Checkpoint Systems.

«Il y a une professionnalisation du vol», qui devient «un vrai métier pour certaines personnes, avec de vraies commandes», a-t-il indiqué, évoquant «énormément de distributeurs qui estiment avoir subi une augmentation de la criminalité organisée».

«Dès qu'il y a un nouveau produit, il peut générer un marché noir», a-t-il ajouté.

A contrario, il ne pense pas que l'inflation sur les produits alimentaires ait eu un impact important sur la recrudescence des vols, notant par exemple que le café faisait déjà partie des produits les plus dérobés.

En Europe, les larcins ont progressé plus fortement qu'en France, de 7,8 %, mais à une proportion moindre, 1,39 % des ventes ou 36,23 milliards d'euros. Le montant moyen du vol à l'étalage y recule de 17,5 % à 93,85 euros et celui des vols du personnel baisse de 27 % à 1.381,4 euros.

Au niveau mondial, les vols progressent de 6,6 % à 88,88 milliards d'euros, soit 1,45 % des ventes des distributeurs, contre 1,36 % un an plut tôt.

Toujours au centre des convoitises, les produits onéreux de marques connues et de petite taille, plus faciles à dissimuler et à revendre. «Les vols ne concernent pas en priorité les produits de première nécessité», selon l'étude.

Parmi les articles les plus dérobés, les accessoires de mode, des produits alimentaires haut de gamme comme les plats cuisinés et les spiritueux, des articles de santé/beauté comme les produits de rasage et les parfums, ou encore des produits technologiques, comme les lecteurs MP3 et les smartphones.

En Europe, la hausse de la démarque inconnue est intervenue malgré une progression de près de 2 % à 8,45 milliards d'euros des dépenses en matière de sécurité et de prévention des pertes, soit 0,30 % du chiffre d'affaires des distributeurs.

«Ceux qui ont limité le vol ou réussi à le faire baisser ont mis en place une multitude des solutions, il n'y a malheureusement pas une solution miracle», a indiqué M. Brossard.

Le nombre de voleurs à l'étalage et d'employés malhonnêtes arrêtés par les distributeurs sur l'année étudiée dépasse les 6 millions, selon l'étude.