Plus de 200 «indignés» occupaient toujours lundi le parvis de la cathédrale Saint-Paul à Londres, près du coeur historique de la City, après une deuxième nuit de campement, déterminés à poursuivre leur mouvement contre la crise et la finance mondiale.

«Capitalism is crisis» («le capitalisme, c'est la crise»), proclamait une banderole tendue devant le campement d'une centaine de tentes dressées devant la cathédrale, à l'orée du quartier des affaires.

Assis devant leurs tentes ou sur les marches de l'édifice religieux, les manifestants bavardaient, en fumant et buvant du thé, sous le regard curieux des passants, de quelques touristes, et d'hommes d'affaires pressés.

«Nous resterons aussi longtemps qu'il le faudra», assure Danielle Allen, 25 ans, une enseignante au chômage. «Nous essayons de sensibiliser les gens et de leur montrer combien le système bancaire est corrompu», dit-elle.

Son amie, Sophia Samra, 23 ans, sans emploi, est là pour protester contre un «système contrôlé par quelques-uns, et qui ne bénéficie qu'à quelques-uns».

«Il fait froid, mais ça vaut la peine», renchérit l'une de leurs amies.

Le mouvement suscitait souvent la sympathie des passants, dont beaucoup prenaient des photos. «Ils ont raison. Dans ce pays, l'économie s'affaiblit, il n'y aucune tentative sérieuse de réformer le système qui a causé des problèmes», juge Neil Hunt, travailleur du secteur de la santé qui constate «l'aggravation du fossé entre les plus riches et le reste du pays».

Mais dans ce quartier financier, la critique anticapitaliste a aussi provoqué la colère. «C'est n'importe quoi! Tout le monde se plaint des banquiers» mais «nous payons tous les impôts», s'emporte un courtier, David Gregory.

Le ton monte avec les protestataires. «Combien d'impôts vous payez, vous?», lance-t-il à l'un d'eux qui, sans emploi, n'est pas imposable. Avant de s'en aller à grands pas, triomphant.

Dans le camp aux revendications hétérogènes, les références au printemps arabe sont nombreuses: «les banques, le FMI sont les Moubarak mondiaux, ils sont antidémocratiques», assure une pancarte adossée à une tente.

«Place Tahrir», indique une imitation de plaque de rue londonienne collée sur un mur, en référence à la place du Caire emblématique de la révolte égyptienne.

Les protestataires sont organisés: point information pour la presse, coin poubelles avec recyclage, coin cuisine.

Fin O'Brian, 31 ans, est le cuisinier du camp. «On a assez de nourriture pour tout le monde», assure-t-il. «On va faire de la soupe à midi et un repas chaud ce soir.»

Samedi, 2000 à 3000 personnes ont manifesté dans la City, dans le cadre d'un mouvement d'action planétaire des «indignés» qui ont défilé ce week-end dans des centaines de villes contre la précarité et le pouvoir de la finance.

Le quartier de la City est considéré comme le symbole de la finance britannique, en dépit de nombreuses délocalisations depuis longtemps dans une autre partie de la capitale.