Le ton montait mardi en France entre François Hollande et Martine Aubry, les deux finalistes de la primaire socialiste qui s'affronteront dimanche lors d'un second tour décisif pour l'investiture du parti à l'élection présidentielle d'avril et mai prochains.

Jusqu'ici très mesuré, François Hollande, arrivé en tête du premier tour dimanche dernier avec 39 % des voix, a dénoncé «les manoeuvres obliques» et le caractère «insidieux» des attaques venues du camp de son adversaire.

Martine Aubry (31 % des suffrages), après avoir affirmé que François Hollande représentait une gauche «molle», a insisté sur les qualités qu'elle estime posséder pour gouverner la France.

«Chacun sait que nous avons des tempéraments différents, que j'ai une expérience importante (...) Les Français savent que je suis claire, que j'ai de la solidité, de la détermination et du courage», a-t-elle déclaré au quotidien Métro.

Elle a ajouté que lorsqu'elle avait succédé en 2008 à François Hollande à la tête du Parti socialiste (PS), elle avait trouvé un parti «en miettes».

Les deux candidats, qui débattront directement mercredi soir à la télévision, cherchent à afficher leur ancrage à gauche, afin de séduire les électeurs du troisième homme de cette primaire, Arnaud Montebourg, qui a réalisé un score aussi élevé qu'inattendu (17 %).

Chantre de la « démondialisation » et du contrôle du secteur financier, il était considéré comme le plus à gauche des six prétendants du premier tour. Il n'a pour l'instant donné aucune consigne pour le second tour, mais doit adresser une lettre ouverte aux deux finalistes dont, a-t-il prévenu, il publiera les réponses.

«On a à s'expliquer. Moi, je suis de gauche. Je n'ai pas besoin d'en faire la démonstration», a déclaré François Hollande.

«J'ai été dès mon premier vote à gauche. Je me suis engagé au Parti socialiste très tôt, j'ai été un militant, j'ai été un élu, j'ai conquis tous les mandats que j'ai gagnés. Je n'ai hérité de rien», a-t-il affirmé, visant Martine Aubry, qui est la fille de l'ex-président de la Commission européenne Jacques Delors.

Par ailleurs, le président Nicolas Sarkozy, qui aura à affronter François Hollande ou Martine Aubry à la présidentielle du printemps prochain, a très sévèrement critiqué le concept même des primaires. Le scrutin présidentiel doit être «une élection à deux tours, pas à quatre tours», a-t-il confié à des responsables de sa majorité.

Environ 2,5 millions de personnes ont voté dimanche à cette primaire ouverte à tous les électeurs, ce qui constitue une innovation politique en France.