Qualifiée pour le second tour des primaires socialistes, Martine Aubry a estimé lundi soir avoir «des points largement communs» avec Arnaud Montebourg et Ségolène Royal, qui n'ont pas donné pour l'heure de consigne de vote pour le scrutin de dimanche.

Arnaud Montebourg, arrivé troisième au premier tour avec 17% des suffrages, a expliqué qu'il écrirait une lettre ouverte à Martine Aubry et à son concurrent François Hollande, leur demandant de prendre position sur les mesures qui lui tiennent le plus à coeur.

«Je vais lui répondre bien sûr», a indiqué la maire de Lille, invitée du journal de 20h de TF1, en reprenant sans attendre les thèmes chers au chantre de la «démondialisation».

«Il faut remettre la finance au pas», a ainsi plaidé Martine Aubry, en écho à Arnaud Montebourg qui réclame la mise sous tutelle des banques. «Il faut réorienter l'Europe pour plus de protection pour nos produits», a-t-elle estimé, n'allant cependant pas jusqu'à approuver totalement le protectionnisme européen prôné par le député de Saône-et-Loire.

Martine Aubry a évoqué Ségolène Royal, une femme «qui continuera à compter» - malgré son faible score de dimanche. Semblant jouer la carte de la solidarité féminine, la maire de Lille a salué en la présidente de la région Poitou-Charentes «une femme de courage, comme les femmes en général en politique - et aujourd'hui on a besoin de courage».

«Beaucoup de ce qu'elle porte, je le porte aussi et avec Arnaud, je crois que c'est la même chose», a poursuivi Martine Aubry, sans parvenir à cacher son espoir d'un report des voix de Mme Royal et de M. Montebourg qui lui permettrait d'être investie candidate du PS pour la présidentielle de 2012.

«Nous avons des points largement communs et donc moi je les reprendrai dans ce second tour», a-t-elle promis en rappelant que depuis 2008, par exemple, tous trois plaidaient pour une séparation des banques de dépôt et des banques d'affaires.

Elle s'est moquée des critiques du gouvernement et de l'UMP qui soupçonnent les deux finalistes des primaires socialistes de vouloir céder aux surenchères de l'aile gauche du parti. «Venant de M. Fillon (et) de M. Copé qui passent leur temps à draguer l'extrême-droite», a-t-elle rétorqué, «ils feraient mieux de s'occuper de la droite et qu'ils nous laissent, nous, nous occuper des Français et de la France!»

Martine Aubry a aussi réservé quelques coups de griffe à François Hollande. «Il faut une gauche forte, il faut une gauche qui ait véritablement des lignes», a-t-elle estimé, taxant son concurrent de versatilité. «Il a changé d'avis sur l'éducation (...) sur la loi hadopi (...) sur la règle d'or», a-t-elle énuméré.

À François Hollande qui appelait lundi matin au respect, elle a répondu n'avoir jamais critiqué que ses idées: «il ne faut pas qu'on considère que quand on débat, quand on n'est pas d'accord, on se manque de respect. Ou alors on n'est plus dans un parti démocratique!»