Sexiste, le premier ministre britannique? David Cameron vient de présenter des excuses aux femmes. Mais il est trop tard pour empêcher les électrices de déserter son parti, croient les analystes.

Mardi 4 octobre 2005. David Cameron, candidat à l'investiture conservatrice, se fait le champion de la cause des femmes deux mois avant sa victoire. La modernisation du parti doit passer par elles, dit-il à l'assemblée de la conférence annuelle, en majorité des hommes blancs.

Dimanche 2 octobre 2011. Soupçonné d'être un sexiste dans le placard, David Cameron demande pardon aux électrices pour deux blagues irrespectueuses à l'endroit de députées.

Les écarts de conduite du père de famille, qui s'est fait élire en 2010 à la suite d'une très longue campagne de charme auprès de l'électorat féminin, ont été comparés à une «tentative de suicide politique».

Le premier incident est survenu en avril dernier, à la Chambre des communes. Interrompu par la travailliste Angela Eagle, il lui réplique hautainement: «Calme-toi, chérie!» (Calm down, dear!) Des cris d'indignation fusent aussitôt dans les rangs de l'opposition.

«Je ne crois pas qu'un homme moderne s'exprimerait dans ces termes», a dit plus tard Mme Eagle.

La seconde victime de Cameron est sa propre députée, Nadine Dorries. Cette mère célibataire réclamait un durcissement de la loi sur l'avortement britannique le mois dernier, mais le premier ministre s'y opposait.

«Je sais que l'honorable dame est extrêmement frustrée au sujet de... euh... Peut-être que je devrais m'arrêter là», a-t-il répondu dans l'enceinte du Parlement, sourire en coin, déclenchant l'hilarité générale. Les députés avaient compris que Cameron faisait référence à la vie sexuelle de Mme Dorries.

Précisons que les femmes représentent moins de 20% du cabinet du premier ministre. Seule Theresa May détient un poste clé comme ministre de l'Intérieur.

«J'ai dit des choses qui ont donné une mauvaise impression et je le regrette sincèrement, a-t-il affirmé à la BBC dimanche. Ce n'est pas qui je suis.»

Sexisme, relents d'éducation bourgeoise ou simple maladresse? Chose certaine, le courant ne passe plus entre David Cameron et 51% de l'électorat britannique.

Seulement 13% des femmes croient qu'il comprend mieux leurs préoccupations que les autres chefs politiques, selon la firme YouGov.

Pas tant à cause de ses répliques à la Chambre des communes qu'en raison de son plan d'austérité, annoncé en octobre 2010, qui frappe durement les jeunes familles.

Les femmes qui ont élu David Cameron se sentent trahies, selon Deborah Mattinson, directrice de la firme de recherche Britain Thinks. «J'ai rarement été témoin d'une telle colère dans des groupes de discussion, a écrit celle qui tâte le pouls de la population depuis 20 ans. Aucune de ces femmes n'a l'intention de voter de nouveau pour les conservateurs.»