L'ancien chef des socialistes français, François Hollande, part grand favori dimanche du premier tour de la primaire qui doit désigner le candidat du principal parti d'opposition à la présidentielle de 2012, celui ou celle qui devrait défier Nicolas Sarkozy.

Le scrutin en deux tours, les deux prochains dimanches, est inédit en France. Il s'agit d'une primaire à l'Américaine ouverte à tous les Français se reconnaissant dans les valeurs de gauche, moyennant une contribution d'un euro.

Les socialistes, qui ont gagné tous les scrutins secondaires depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007 y compris les sénatoriales il y a dix jours, espèrent à travers ce processus donner une légitimité à leur candidat.

Au total, six candidats sont en lice. Mais le scrutin va davantage ressembler à un duel entre l'ancien patron du PS François Hollande, et celle qui lui a succédé en 2008, Martine Aubry. Depuis des mois, ils sont tous les deux donnés gagnants par les sondages face à Nicolas Sarkozy aux premier et second tour de la présidentielle d'avril et mai prochains.

Malgré un fort intérêt des Français, le corps électoral des primaires reste la grande inconnue ce qui rend les pronostics difficiles.

Cependant, selon toutes les enquêtes, François Hollande tient le haut du pavé: le dernier réalisé par Ifop le donne vainqueur aux deux tours avec 42% et 59% des voix face à Martine Aubry (27% et 41%).

Le député de Corrèze (centre), 57 ans, bénéficie de la mise hors course de l'ex-dirigeant du FMI Dominique Strauss-Kahn, favori des sondages jusqu'à sa mise en cause (désormais abandonnée au pénal) pour crime sexuel contre une femme de chambre à New York.

Entré en campagne dès 2010, François Hollande n'a eu de cesse de se fabriquer un statut de présidentiable au-dessus de la mêlée, labourant les provinces et faisant tout pour troquer une image d'apparatchik, 11 ans à la tête du PS, pour celle d'un dirigeant dynamique -il a perdu 10 kg- et crédible face à la crise économique.

«Hollande c'est la rigueur de gauche. Il rassure l'électorat modéré qui se fait davantage entendre dans une conjoncture anxiogène», analyse Rémi Lefebre spécialiste du PS à l'université de Lille.

Martine Aubry, qui avait conclu un pacte avec DSK selon lequel le mieux placé se présenterait, est entrée tardivement en campagne apparaissant du coup aux yeux de certains comme une candidate par défaut.

Mais la maire de Lille, 61 ans, met en avant son expérience d'ancien ministre et de dirigeante socialiste ayant réussi à apaiser les déchirements qui ont esquinté le PS après la présidentielle de 2007. Et insiste sur une fibre sociale plus ancrée dans la tradition de gauche.

«Aubry est partie très tard en campagne, mais sa stratégie de vouloir mobiliser la société civile de gauche politisée peut payer», commente M. Lefebvre.

En lice également Ségolène Royal, 57 ans, candidate malheureuse face à Nicolas Sarkozy en 2007. Celle-ci n'a jamais vraiment décollé, restant en troisième position devant les deux «jeunes», Arnaud Montebourg, 48 ans, à la gauche du PS, et Manuel Valls, 49 ans, à la droite du parti. Jean-Michel Baylet, 64 ans, président du petit parti des Radicaux de gauche, allié du PS, complète la ligne de départ.

Face à la crise de la dette, les socialistes se sont ralliés à la nécessité de gérer rigoureusement les deniers publics. Le PS propose néanmoins un retour à la retraite à 60 ans (contre 62 ans) et la création d'emplois subventionnés pour les jeunes.

Tout au long de la campagne, les candidats ont pris soin de ne pas se déchirer pour préserver l'unité du parti qui n'a plus gagné la présidence depuis 1988. Mais pendant les derniers jours, François Hollande s'est retrouvé la cible de ses deux principales concurrentes, raillé pour absence d'expérience ministérielle.

«Dans cette période de crise, c'est un bolide sur une route verglacée. On ne peut pas prendre le volant sans savoir comment ça marche», a attaqué Martine Aubry.