L'étudiante américaine Amanda Knox, acquittée lundi pour le meurtre de sa colocataire britannique Meredith Kercher s'est envolée mardi midi pour les États-Unis, à l'issue d'un procès ultra-médiatisé qui laisse la famille de la victime sans réponse.

«Nous sommes évidemment déçus (...) C'est un tel choc, nous n'avons toujours pas les réponses», a déclaré Stephanie, la soeur de la victime mardi lors d'une conférence de presse à Pérouse, au centre de l'Italie.

Le premier ministre britannique David Cameron a aussi dit «plaindre la famille, car elle avait eu une explication sur ce qui est arrivé à leur fille et maintenant elle n'en a plus».

Amanda Knox, en larmes lundi soir à l'annonce du verdict de la Cour d'appel de Pérouse, s'est envolée à 12h05 (6h05, heure de Montréal) de Rome-Fiumicino en direction de Londres-Heathrow, où elle prendra un vol pour sa ville natale, Seattle, aux États-Unis.

Pour échapper aux médias à l'affût de la moindre image d'elle, Amanda Knox, après une première nuit de liberté à Rome passée dans un lieu secret, a attendu son vol dans les bureaux de la police judiciaire de l'aéroport romain.

Selon le secrétaire de la Fondation Italie-États-Unis, Corrado Maria Daclon qui a été le dernier à la saluer, «Amanda malgré l'acharnement contre elle m'a dit qu'elle n'éprouve pas de rancoeur», «ses derniers mots ont été d'une personne positive, fatiguée mais confiante qui regarde seulement vers l'avenir».

«Maintenant, je veux seulement rentrer chez moi, reprendre possession de ma vie et retrouver le bonheur», a-t-elle confié après le verdict.

La jeune fille de 24 ans a également écrit une lettre de remerciement à ses soutiens: «Des Italiens m'ont écrit, m'ont défendue, ont été proches de moi, ont prié pour moi. Je leur en serai éternellement reconnaissante. Je vous aime».

L'acquittement spectaculaire d'Amanda Knox et de son ex-petit ami Raffaele Sollecito, 27 ans, condamnés en première instance à 26 et 25 ans de prison, a été accueilli dans la joie par leurs proches dans l'enceinte du tribunal, mais a aussi provoqué la colère de nombreuses personnes massées à l'extérieur qui ont crié: «Honte! Honte!»

Meredith Kercher, 21 ans, avait été retrouvée en novembre 2007 à demi-nue et dans une mare de sang, le corps transpercé de 43 coups de couteau. L'autopsie a démontré qu'elle avait également été violée.

Selon le jugement de première instance, Knox et Sollecito avaient donné à Meredith Kercher le coup fatal, tandis qu'un Ivoirien, Rudy Guédé, lui tenait les bras parce qu'elle refusait de participer à un jeu sexuel.

Rudy Guédé, 24 ans, a été condamné à 16 ans de prison dans un procès séparé. Tous ses recours sont épuisés, mais dans l'exposé de ses motifs, la Cour de cassation avait conclu qu'il n'avait pas agi seul.

«Maintenant qu'Amanda et Raffaele ont été libérés, nous nous demandons aujourd'hui qui a été complice de Rudy Guédé dans le meurtre de Meredith», s'est interrogé Lyle, le frère de la victime, devant la presse.

Le parquet de Pérouse a annoncé par avance qu'il se pourvoira en Cassation pour que «justice soit faite». Si le recours qui devra être déposé d'ici février était jugé recevable, un nouveau procès pourrait avoir lieu en 2013 probablement à Florence. Mais il se tiendrait par contumace puisque les États-Unis n'extradent habituellement pas leurs citoyens poursuivis à l'étranger.

En Italie, la presse s'interrogeait mardi sur le fonctionnement de la justice.

«Devant tant d'indices et aucune preuve sérieuse», le verdict «donnera lieu à de nouvelles polémiques sur la justice en Italie», prédit le Corriere della Sera. «Maintenant il faut penser à Meredith Kercher. Il faut rendre justice à cette jeune fille assassinée», poursuit le premier quotidien de la péninsule.

À l'instar de la Repubblica (gauche), plusieurs quotidiens estiment que «la victime a été oubliée par le show».

«Il est regrettable que l'assassinat d'une jeune femme reste en grande partie non élucidé», estime la Stampa tout en jugeant qu'«il n'était pas possible de décider autre chose», compte tenu des «éléments contradictoires issus de l'instruction».