Le président Dmitri Medvedev a nié vendredi que l'issue des prochaines élections en Russie soit décidée d'avance, après sa décision de céder sa place à son mentor, l'actuel premier ministre Vladimir Poutine, qui sera candidat à la présidentielle de mars 2012.

«Comment peuvent-elles être décidées d'avance», s'est exclamé M. Medvedev dans une interview qui doit être diffusée à la télévision vendredi soir et dont le texte a été rendu public par le Kremlin.

«Aux élections, c'est le peuple qui choisit, et ce ne sont pas de vaines paroles, c'est comme cela que ça se passe. Tout homme politique peut «échouer» aux élections. Dans l'histoire de notre pays et dans celle d'autres pays, c'est arrivé plus d'une fois», a-t-il ajouté.

«Personne n'est assuré de rien. Comment cela peut-il être prédéterminé? Laissons le peuple décider pour qui il va voter et qui a le plus d'autorité», a dit le locataire du Kremlin.

M. Medvedev a annoncé le 24 septembre au cours du congrès de Russie unie, le parti au pouvoir, qu'il ne briguerait pas un second mandat à la présidentielle de mars et qu'il avait demandé à M. Poutine d'être le candidat de cette formation.

Dans l'interview qui doit être diffusée simultanément par trois chaînes de télévision nationale, M. Medvedev explique pourquoi il a renoncé à se représenter après avoir laissé entendre pendant des mois qu'il l'envisageait.

«Quand je disais que je n'excluais pas (d'être candidat à la présidentielle), je ne trompais personne, la vie pouvait prendre la tournure la plus imprévisible, mais nous avions d'ores et déjà un accord» avec Vladimir Poutine, souligne M. Medvedev.

«Le premier ministre Poutine est indéniablement l'homme politique ayant le plus d'autorité dans le pays actuellement», ajoute-t-il.

«Nous représentons (avec Vladimir Poutine) la même force politique (...). Alors pourquoi devrions-nous nous mettre en concurrence?», déclare-t-il.

«Vous pouvez vous représenter une situation dans laquelle Barack Obama serait en concurrence avec Hillary Clinton? C'est impossible à imaginer», déclare-t-il encore, rappelant que le président américain et sa secrétaire d'État avaient été tous deux candidats à l'investiture pour le parti démocrate.

M. Medvedev et Vladimir Poutine ont annoncé samedi lors d'un congrès du parti ultra-majoritaire Russie unie que ce dernier briguerait la présidence à l'élection de mars 2012, un scrutin qu'il est quasi assuré de remporter en l'absence de réelle opposition, laminée durant ses deux mandats au Kremlin (2000-2008).

Selon ce scénario, la direction du gouvernement reviendra alors à Dmitri Medvedev, que Vladimir Poutine avait propulsé au Kremlin en 2008 faute de pouvoir briguer un troisième mandat consécutif, selon la Constitution.

Ce scénario pourrait permettre à M. Poutine, resté l'homme fort du pays, de se maintenir au pouvoir jusqu'en 2024, le mandat présidentiel étant passé de quatre à six ans.

De nombreux observateurs ont estimé que la présidence de M. Medvedev ne visait qu'à permettre à Vladimir Poutine de revenir au pouvoir en respectant à la lettre la Constitution.